L'Afrique reçoit annuellement près de 40 milliards de dollars de ses migrants éparpillés à travers le monde malgré la crise financière internationale. Problème : aucune structure adéquate n'existe pour convertir ces fonds en investissements productifs. Ces importants transferts de fonds représentent entre 9% et 24% des PIB des pays africains et entre 80% et 750% de l'aide publique au développement selon Séverine Deboos du projet BIT/Migrant basé à Dakar. Une récente étude du Bureau international du travail souligne que de facto, les migrants sont ainsi considérés comme premiers bailleurs de fonds de bon nombre de pays africains. Il y'a cependant un besoin réel de structurer ces transferts et d'en assurer une meilleure gestion pour les travailleurs immigrés, les expéditeurs et bénéficiaires de transferts ainsi que les pays d'origine. Il y'a au moins trois principaux défis à relever en matière de transfert de fonds en Afrique. Il s'agit de l'incertitude du volume des transferts, de la concurrence limitée, du manque d'innovation technologique et surtout des coûts élevés des transferts. On constate un quasi monopole des services de transferts d'argent de la part de deux géants du système : Western Union et Money gram qui contrôlent 65% de tous les locaux de déboursement. Résultat, les commissions font parfois 20% des montants envoyés en raison de cette situation. Le problème c'est que 80% des pays africains limitent le type d'institutions autorisées et capables d'offrir des services en matière de transferts aux banques. Du fait des coûts élevés des ,40 à 70% des transferts se font par voie informelle. Les accords d'exclusivité limitent de façon très importante la compétition et de ce fait créent une réelle barrière à l'entrée dans ce marché. Jusqu'à l'année 2009, la somme globale transférée par les migrants vers leurs pays d'origine augmentait en moyenne de 10 % par an. Principalement en raison de l'accroissement des migrations mondiales. Mais la crise économique a fortement amputé ces envois d'argent, les migrants étant souvent les premières victimes des destructions d'emplois dans les pays industrialisés. Dans son rapport annuel sur les "perspectives des migrations internationales", publié le 12 juillet, l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) évoque ainsi, pour 2009, un recul de 15 % des transferts vers le Mexique et la Roumanie. L'Agence française de développement (AFD) constate elle aussi une forte baisse des transferts au niveau mondial, sans pouvoir toutefois chiffrer cette diminution. Face au recul des flux financiers, un certain nombre d'organisations - AFD, associations, ministère français de l'immigration... - se sont interrogées sur la façon de mieux utiliser cet argent. Selon ces institutions, ces fonds sont parfois gaspillés dans la seule consommation, qui représente entre 70 % et 100 % de leur affectation. En clair, en nourriture, factures, frais médicaux, produits de la vie courante... "