Faire profiter les pays en développement de l'épargne de la diaspora est, aujourd'hui, un enjeu et un défi de taille. Les transferts des migrants sont une véritable manne qui, malheureusement, échappe bien souvent aux circuits officiels. C'est dans ce sens le Groupe de la Banque africaine de développement (BAD), le gouvernement français et le Fonds international de développement agricole (FIDA) ont lancé, le 23 octobre dernier, à Paris un fonds fiduciaire multilatéral dédié aux transferts de fonds des migrants. Administré et géré par la BAD, ce fonds, avec une dotation initiale de plus de 6 millions d'euros, est ouvert à d'autres donateurs (Etats ou institutions). Il vise à fournir des financements pour l'amélioration des connaissances sur les transferts des fonds des migrants en Afrique, par la réalisation d'études thématiques et sectorielles ; l'amélioration des cadres règlementaires et des conditions de transfert, visant une réduction des coûts de transfert ; offrir des produits financiers répondant mieux aux besoins des migrants et de leurs familles ; encourager les diasporas à investir dans les projets productifs individuels et dans le développement local des pays d'origine des migrants. Le ministre Besson a souligné l'importance de ce fonds pour la mise en place de projets de développement structurants en Afrique. Il a également tenu à rendre hommage à la BAD en indiquant notamment que " pour la France, la BAD par son identité, sa légitimité sur le continent, sa situation financière robuste, son leadership et son volontarisme réformateur est le bailleur de référence du continent africain ". Je suis heureux que l'accord que nous avons signé soit une novelle marque du soutien durable que la France entend apporter à la BAD ", a-t-il ajouté. De son coté le président de la Banque africaine de développement, soulignant l'engagement et la contribution de la France à la création de ce fonds, a longuement insisté sur la nécessité " d'exploiter les synergies et d'accroître l'efficacité " des interventions de la BAD et ses partenaires " dans l'intérêt premier des pays et des populations bénéficiaires. " La BAD, a-t-il souligné, est " engagée à apporter son appui et à accompagner les efforts des diasporas africaines à contribuer au développement de leur pays d'origine. " Le Groupe de la BAD s'est engagé dans le domaine des transferts de fonds des migrants dès 2006. L'étude conduite par la BAD et financée par la France, présentée à Paris en janvier 2008, a servi de base au lancement de l'initiative " Migration et développement ". Depuis, la demande en direction de la Banque n'a cessé de croître. En octobre 2008, suite à un appel à proposition fait aux institutions de financement de développement par le ministère français de l'Immigration, de l'intégration, de l'identité nationale et du développement solidaire, la BAD a été retenue et sollicitée pour abriter un nouveau fonds fiduciaire ouvert à plusieurs donateurs, destiné à la mobilisation des ressources et des compétences des migrants africains au service et en appui aux efforts du développement durable menés par leur pays d'origine. L'Afrique reçoit chaque année près de 40 milliards de dollars de fonds en provenance du monde entier, transférés par ses migrants. Un récent rapport du fonds international de développement, agricole, publié récemment, estime toutefois que ces montants pourraient être nettement supérieurs si certains obstacles venaient à être levés. Le principal concerne le coût élevé des transferts facturés par les sociétés de transfert. Les plus importantes sont western union et Money Gram. Selon le rapport, elles contrôlent près de 65% des points de paiement où les envois de fonds sont encaissés. Ce qui est énorme. Mais le plus grave est qu'elles imposent des coûts de transfert très élevés. Dans certains pays d'Afrique, les montants des commissions peuvent atteindre jusqu'à 25% du montant transféré. Isma B.