N'eut été la manne créée par les envolées du prix du baril de pétrole, ce qui avait permis de rembourser par anticipation une grande partie de la dette extérieure et une augmentation appréciable des réserves de change, le choc aurait ressemblé à celui enregistré en 1986, avec l'impossibilité d'assurer en même temps le remboursement à échéance des dettes que l'Etat a contractées et de continuer à importer même seulement les produits de consommation, sans parler des dépenses d'équipement. Le président de la République a toujours insisté sur l'importance que doit prendre la production par rapport aux importations. Sinon, jusqu'à quand allons nous dépendre d'une ressource dont personne ne maîtrise les cours. Quelle réponse aurait à lui donner le gouvernement, alors qu'il faudrait même anticiper sur une éventuelle catastrophe qui verrait les cours des hydrocarbures descendre dangereusement ? Tant que notre économie continue à dépendre d'une variable aux évolutions aléatoires, tout ce qui était conjuré risquerait de devenir une réalité. L'obligation de retourner devant les institutions financières internationales pour un autre programme d'ajustement structurel qu'on appellerait des réformes économiques ne devrait pas être considéré comme une impossibilité si venait à se produire le cas le plus défavorable, qui est la conjonction entre la durée de la faiblesse des cours du pétrole et de la récession économique dans le monde avec pour conséquence, plus particulièrement pour notre pays, un faible flux des IDE. La décision prise par le gouvernement de réduire considérablement les importations produira certainement, à terme, un mécontentement de nos fournisseurs étrangers, et il y a de quoi puisque celles-ci se chiffrent en milliards de dollars ou d'Euros. C'est devenu une tradition qu'en dehors des recettes pétrolières, les accords de libre-échange ou plutôt des échanges commerciaux se traduisent plus particulièrement pour nous par la sortie des capitaux et par l'entrée des marchandises. Si on tient encore compte des sorties frauduleuses des capitaux, à l'image es fuites de devises enregistrées par la douane espagnole, on dira que la boucle est bouclée. Le fait donc que la décision de réduire les importations se soit traduit par l'interdiction des crédits aux populations au premier chef, donnent plusieurs lectures à celle-ci et pas toujours favorables au gouvernement car elles ne perçoivent " la chose " qu'en fonction de leur marge de manœuvre financière. Du fait que les explications qui leur sont données en dehors de tout cadre organisé, les populations éprouvent une certaine inquiétude, car il leur apparaît que leur sort ainsi que celui des générations futures reste suspendu à l'évolution d'une variable dont la maîtrise échappe aux pouvoirs publics. Dès lors, d'anciens reproches légitimes refont surface. Comment cela se fait-il que notre économie continue à dépendre totalement d'une variable aléatoire ? L'impression est grande qu'il y a une sorte de résignation. Quelle consistance donner au programme à mettre en œuvre en fonction de la disponibilité des réserves en devises ? Quelle quantité d'argent posséder pour la traduire en chantiers sans que la corruption et la bureaucratie ne s'en mêlent Le Président, dans un de ses discours répercutés par la TV , a dit aux populations que c'est avec leur aide qu'il pourra combattre la bureaucratie, la corruption, réussir à construire des logements, créer des emplois. On sait bien que la lutte contre tous ces maux devrait être de longue haleine , que les résultats n'apparaissent en évidence qu'après la maturation de la lutte, ce qui nécessite là encore une durée car rien ne peut être instantané. Les balises pour ce genre de lutte sont mises en place ainsi que le processus juridique qui encadre celle-ci. Comment combattre la corruption ? Comment combattre la bureaucratie ? Il semble bien que la réponse devrait être unique, la même pour combattre ces deux fléaux. Mais, il est vrai que la parade s'inscrit dans la durée et qu'elle est liée impérativement à la démocratisation et à la construction de l'Etat de droit, c'est-à-dire en fin de compte à l'édification de l'Etat dans un contexte où il est bien compris que la corruption et les autres maux l'affaiblissent et posent des obstacles à la remise sur les rails de l'économie. La corruption, tout comme le terrorisme, peuvent certainement entrer dans un processus d'entraide mutuelle, car le non-respect de la loi leur est un fondement partagé. Sur quel socle le Président veut-il fonder sa vision du futur algérien ? En se référant aux mots clés contenus dans tous ses discours, il y bien un futur pour la politique interne et un futur pour nos relations internationales. Il y a comme cible du programme présidentiel la réconciliation entre tous les Algériens et entre les populations et les institutions. Pratiquement tout est subordonné au retour de la paix, et celle-ci n'est pas fatalement celle qui est instaurée par l'usage des moyens de force. Une telle paix qui ne passe pas par la réconciliation nationale n'est pas durable et ne subsiste pas, tant les moyens de force s'exercent en permanence. il y aura certainement l'expression par tous d'une volonté de construire, de développer, de créer des emplois, d'améliorer le pouvoir d'achat des ménages, de densifier le tissu industriel par la promotion des PMI/PME.