Après l'hommage posthume qu'a rendu la radio nationale, il y a une semaine, à Abdelkader Guessoum, l'Office national de la culture et de l'information (ONCI) emboîtera le pas à notre Canal pour célébrer à la salle El Mouggar, un homme, un artiste tragiquement disparu le 13 juillet dernier d'une crise cardiaque. Abdelkader Guessoum avait trépassé au service des urgences de l'hôpital de Blida, il avait 64 ans. En présence de la ministre de la Culture, Khalida Toumi, des compagnons de la route de l'artiste, des rejetons du chanteur, la soirée hommage a été ouverte par la projection d'un diaporama de photographies en couleurs et en noir et blanc, retraçant le parcours artistique du défunt chanteur depuis ses débuts. Des images extraites des cérémonies de mariage, des veillées du mois de Ramadhan, de passages télévisés ainsi que des portraits artistiques, ont défilé les unes après les autres sur un fond musical qui laissait entendre la voix inspirée de Guessoum qui interprettait la mémorable Chehlet Laâyani ou chanter un istikhbar séculaire. Une voix off intervenait de temps à autre pour présenter quelques éléments biographiques, raconter certaines étapes de la vie artistique du défunt interprète de la chanson chaâbi ainsi que pour tenir des paroles élogieuses à son égard. La cérémonie a vu le passage de plusieurs artistes qui ont gratifié l'assistance d'un programme puisé du patrimoine musical chaâbi. Ils étaient accompagnés par l'orchestre de Abdelkader Guessoum, dont la majorité des musiciens ont eu à jouer avec lui dans différentes occasions depuis les années 1960, comme le percussionniste, le violoniste ou le banjoïste. La scène de la salle El Mouggar s'est distinguée par un décor reflétant le thème de la soirée, à travers une lumière feutrée qui tombait sur l'orchestre, face auquel la chaise du maître, couverte d'un tissu noir orné de paillettes étincelantes, et son mandole, étaient sagement posées. Ce décor dégageait à la fois de la nostalgie et de la tristesse. Avant d'entamer le récital, les musiciens ont salué par le biais de l'animateur de la soirée, Massine Hamia, le talent et la dévotion du regretté Guessoum et l'amour qu'il a toujours éprouvé pour la chanson chaâbi, tout en priant Dieu de lui accorder Sa Miséricorde et l'accueillir dans Son Vaste Paradis. "Même si tu ne fais plus partie du monde des vivants, ton image d'artiste de talent et d'homme sage et modeste restera toujours gravée dans nos pensées. Tu occupes une grande place dans nos cœurs, Guessoum. Nous ne t'oublierons jamais, car tu es l'étoile qui brillera éternellement dans le ciel du chaâbi", ont-il dit. Un artiste discret Pour ceux qui ne le connaissaient pas, Abdelkader Guessoum a eu un parcours atypique en trimant longtemps avant de se faire un nom dans l'univers " surchargé" de la musique populaire. Certes il n'avait pas ramené du neuf comme c'était le cas pour le défunt Guerrouabi qui a fait éclater les files de cette musique, mais s'était contenté de suivre au pas les chanteurs de la trempe de M'rizek ou encore de Hadj M'hamed El Anka. Né le 12 avril 1946 dans la ville des Roses, sa passion pour la chose lyrique se révélera précocement à l'âge de 08 ans. Bambin, il jouait du Ney, du pipo et de l'harmonica, des instruments à vent pas chers mais significatifs d'une rage de respirer du rythme. Selon ses biographes, Abdelkader Guessoum a reçu sa première mandoline à l'âge de 16 ans à l'indépendance du pays. Avec son instrument et encore tout jeune, Guessoum reprenait, aux heures perdues, les airs de Hadj M'Rizek, et Bellah alik ya chemaâ de Hadj Mahfoud, des noms bien confirmés dans la scène musicale algérienne. Puis vint le temps de la formation qui constituera un moment décisif pour cet apprenti à l'école de cheikh Salhi (Mahieddine Mohamed), neveu de Cheikh Mahfoud. Ce dernier le sollicita en qualité de musicien au sein de sa formation, lors des fêtes familiales. C'est en 1966 qu'il constitue son premier orchestre en cachette, par selon lui, respect pour ses maîtres. A la même année, il fut présenté pour la première fois, à la radio, par Rabah Driassa, un autre nom qui habite dans la même ville. Son essai fut malheureusement raté. Déçu, il s'éclipsera bien longtemps avant de revenir en 1969, à l'occasion du festival de la chanson chaâbi où il obtient le premier prix en interprétant Djel El Koul Bach yendhekar. Bien après, la télévision nationale lui ouvre son champ, et c'est là qu'il anime son premier concert en 1970. A l'époque, il était soutenu et encouragé par les maîtres Boualem Djenadi, Dahmane Benachour, Mohamed Misraoui et surtout Rachid Mohamed. En 1974, il enregistre deux 45 t et deux ans plus tard, il réalise son premier album (45 t) à Paris, grâce à l'aide que lui apporte Mustapha Skandrani. Avec Mahboub Bati, il tente sa première expérience - réussie d'ailleurs - dans le monde de la chansonnette à l'exemple de Ya H'la et Ach bih hajbi. Tout de suite après, c'est l'éclipse. L'artiste voulait se reposer, prendre du recul et réfléchir sur sa production.