La Russie réunissait mercredi un sommet avec les présidents pakistanais et afghan, Asif Ali Zardari et Hamid Karzaï, le Kremlin souhaitant susciter une coopération "régionale" pour la stabilisation de la situation en Afghanistan. Ainsi, le chef de l'Etat russe, Dmitri Medvedev, recevait ses homologues afghan et pakistanais, ainsi que le président du Tadjikistan, Emomali Rakhmon, dans sa résidence de Sotchi, sur la mer Noire. Ce sommet vise à "intensifier la coopération régionale pour collaborer à la stabilisation de l'Afghanistan", selon le Kremlin. Une première rencontre quadripartite de ce type avait eu lieu il y a un an. La Russie souhaite que l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS) et l'Organisation du traité de la sécurité collective (ODKB), deux organisations dans lesquelles elle joue un rôle clé, soient impliquée dans la région aux côtés de la coalition internationale engagée sur le terrain afghan. Les autorités russes s'inquiètent notamment du risque de propagation des violences aux républiques ex-soviétiques d'Asie centrale et de la croissance du trafic de drogue dans la région. Moscou exclut d'envoyer des troupes en Afghanistan pour combattre l'insurrection talibane, le souvenir de l'humiliant retrait des troupes soviétiques en 1989 après dix ans de conflit étant encore présent dans l'esprit des autorités russes. Par ailleurs, le gouvernement afghan a annoncé aujourd'hui la création de milices locales chargées de défendre leurs villages contre les insurgés en Afghanistan, sur le modèle des milices qui ont participé à enrayer l'insurrection en Irak. Ce programme, soutenu par l'armée américaine, est déjà en cours dans les provinces du Wardak (centre) et de l'Uruzgan (sud), des bastions de l'insurrection talibane, a indiqué le vice-ministre de l'Intérieur, Mohammad Munir Mangal. A terme, cette force doit compter 10.000 hommes. Le commandant des forces américaines et internationales, le général David Petraeus, et le président afghan Hamid Karzaï avaient trouvé un accord début juillet sur la création d'une "force de police locale" composée de villageois payés pour assurer la sécurité de leurs villages. Ces miliciens dépendront du ministère afghan de l'Intérieur et toucheront l'équivalent de 60% du salaire d'un policier. Les Etats-Unis cherchent depuis la fin 2009 à favoriser la création de ces milices dans l'espoir de favoriser une rébellion tribale à grande échelle contre les insurgés. Celles-ci pourraient apporter une aide supplémentaire aux forces américaines et afghanes déjà présentes sur le terrain. Les milices pourraient aussi remplir un vide pendant que l'armée et les forces de police afghanes poursuivent leur entraînement et se renforcent. Les rattacher aux forces afghanes de sécurité serait destiné à éviter les erreurs du passé dans ce domaine. Ces erreurs avaient entraîné dans les années 80 l'apparition de nouveaux seigneurs de guerre ayant défié pendant des années les autorités. Cependant, le président Hamid Karzaï a publié le 17 août 2010 un décret visant à démanteler dans un délai de quatre mois toutes les sociétés de sécurité privées pour éviter l'usage inconsidéré d'armes. Le gouvernement afghan veut transférer leurs effectifs à la police et l'armée afghanes. Les Américains y sont hostiles. Ces entreprises de sécurité privées, qui travaillent généralement pour le compte de sociétés occidentales, ont été ces derniers mois à l'origine d'une série de scandales en Afghanistan. Ce sont des dizaines de milliers de mercenaires au service des diplomates, des organisations non-gouvernementales, ou qui effectuent des missions de protection pour les médias, les convois de ravitaillement et de soutien logistique, qui vont disparaître d'ici quatre mois. Mais pour les Américains, tant que les forces afghanes ne sont pas en mesure de prendre la relève, ces " contractors " sont des auxiliaires indispensables dans le dispositif militaire occidental. Et quatre mois, c'est court, c'est même beaucoup trop court pour Washington qui emploie largement plus de la moitié du personnel de ces sociétés. L'essentiel est d'ailleurs directement rétribué par les différentes administrations américaines, telles que le ministère de la Défense, le ministère des Affaires étrangères et l'agence pour le Développement international, US AID.