Germanwatch, une ONG allemande, a exhorté hier l'Union européenne à réguler la spéculation sur les céréales, indique l'agence France-Presse. Cette demande intervient dans un contexte d'envolée des prix du blé sur les marchés mondiaux. "L'UE doit enfin tirer les conséquences de la crise alimentaire d'il y a deux ans (...) et soumettre le marché des contrats à terme à des règles plus strictes sur les bourses céréalières", écrit un responsable de l'organisation Germanwatch, Christoph Bals, dans un communiqué. Selon l'ONG qui défend le développement durable, la "spéculation débridée" sur les marchés des céréales n'a pas provoqué mais "a accéléré considérablement" l'envolée des prix des céréales, comme ceux du blé. "Les prix élevés affectent principalement les plus pauvres dans les pays en développement qui consacrent jusqu'à 80% de leurs revenus pour se nourrir contre 10 à 20% chez nous", a aussi argumenté le patron de Germanwatch, Klemens van de Sand. Le blé vaut environ 200 euros la tonne. Le pic atteint a été de 300 euros. Il est envisageable que nous dépassions ce plafond, sachant que le rebond a été de 45% rien qu'au mois de juillet. Le prix des matières premières se fait à la marge. On produit à peu près les quantités nécessaires pour nourrir la planète. Toute modification mineure des quantités produites entraîne une appréciation des prix dans de grandes proportions. D'après la loi de King, 10% de baisse de la production correspond à 30% de hausse du prix, 20% de baisse de la production entraine une hausse de 80% et 30% provoque une augmentation de 160%. Ceci étant, même si nous arrivons dans une zone dangereuse, nous ne connaissons pas le même scénario qu'en 2007 où nous avions vécu des émeutes de la faim avec des stocks de céréales qui étaient à leur plus bas niveau depuis plus de 20 ans. Les stocks de blé aux Etats-Unis sont quasiment à leur plus haut niveau depuis 30 ans. Ainsi, sauf à avoir un incident majeur de production dans l'hémisphère sud, nous pourrons faire face aux évènements actuels sans observer des prix qui montent à 300 euros. Le maximum qui pourrait être atteint serait de 220-230 euros la tonne. Les prix du blé, retombés de leur sommet de début août, ont connu une nouvelle semaine agitée sur le marché à terme de Chicago, alors que la sécheresse se poursuit en Russie, poussant le gouvernement américain à réduire sa prévision de récolte mondiale. Il était monté le 6 août jusque 8,68 dollars en séance, son plus haut niveau depuis l'été 2008, au lendemain de l'annonce par la Russie d'un embargo sur ses exportations. Il s'est ensuite fortement replié, alignant quatre séances de baisse, avant de repartir à la hausse en réaction à la publication du rapport mensuel du département américain de l'Agriculture (USDA) sur l'offre et la demande mondiale. Le ministère a revu nettement en baisse son estimation de production au niveau mondial pour le blé. Il l'évalue à 645,73 millions de blé pour la campagne actuelle, contre une précédente estimation de 661,07 millions de tonnes et après deux années de production record, à plus de 680 millions de tonnes. "C'est une révision plus marquée que le marché anticipait", ont relevé les analystes de Barclays Capital. "Nous nous attendons à voir les prix des céréales monter à court terme, galvanisés par la chute de l'offre, une plus forte demande pour le maïs en substitution du blé, des conditions météorologiques défavorables et la possibilité de voir de nouvelles interventions gouvernementales" pour contrôler les exportations, ont-ils ajouté. Cette révision à la baisse est le résultat principalement des récoltes dans l'Union européenne et surtout dans les pays de l'est de l'Europe, tous affectés par des conditions climatiques défavorables (sécheresse ou excès de pluies). La moisson de la Russie, frappée depuis plus d'un mois par une dramatique sécheresse, est désormais estimée pour le blé à 45 million de tonnes, soit huit millions de moins que prévu le mois dernier. Selon le président russe Dmitri Medvedev, près d'un quart des cultures de céréales ont été perdues cette année dans le pays. Conséquence immédiate pour les marchés agricoles américains, les exportations de blé des Etats-Unis ont augmenté de presque 60% la semaine dernière par rapport à la semaine précédente. Le contrat de maïs pour livraison en décembre s'établissait à 4,2875 dollars, contre 4,20 dollars il y a une semaine. Le contrat de graines de soja à échéance en novembre valait 10,4250 dollars le boisseau contre 10,3350 dollars vendredi dernier.