Le marché algérien a été ébranlé ces derniers mois par une succession de changements subites et inattendus. En dépit des mesures prises par le gouvernement en matière de régulation, ces changements sont imputés aux spéculateurs, selon les propres déclarations du chef du gouvernement, M. Abdelaziz Belkhadem. Ces spéculateurs sont en train de mettre à profit le mois sacré du Ramadhan pour hisser les prix des produits de large consommation à des niveaux insupportables pour les bas revenus. Des prix au noir sont imposés aux consommateurs, notamment sur les produits de large consommation. L'offre reste suffisante si ce n'est la spéculation. L'exemple de la semoule est le plus édifiant. Les spéculateurs véhiculent, depuis quelques jours, l'idée d'une éventuelle pénurie de semoule, causant de fait une très forte tension sur le produit et poussant les consommateurs et les ménages à s'approvisionner à un prix fort. En effet, le prix du quintal de semoule qui est était de 3 200 dinars est passé à 5 000, voire 5 200 dinars. Cette hausse du prix est très mal supportée par le citoyen et la classe moyenne. Un fardeau de plus qui fait la part belle aux spéculateurs. La prise de conscience des conséquences désastreuses de cette hausse par le gouvernement a été prompte à travers le maintien du prix du blé malgré l'envolée des prix des céréales sur les marchés mondiaux. Le prix est maintenu à 1 285 dinars. Les minoteries et semouleries sont régulièrement approvisionnées avec des quantités fixées au titre de la régulation, avait rassuré le gouvernement au mois d'août. La tonne de blé dur importée d'Europe revient à 528 dollars dont 60 dollars pour les frais de fret. La même quantité revient à 598 dollars dont 130 dollars en frais de transport, lorsqu'elle est importée d'Australie ou des Amériques du Nord. L'Algérie compte parmi les premiers pays importateurs de blé. Ses principaux fournisseurs sont le Canada, les USA, le Mexique, l'Australie et l'Europe, notamment la France. Le déficit à combler est de 5,1 millions de tonnes de céréales pour l'année 2007. Pour le premier semestre 2007, 2,53 millions de tonnes de blé ont été importées contre 2,67 millions de tonnes pour la même période de l'année 2006. L'Algérie importe plus de blé tendre que de blé dur. Le blé tendre représente 1,852 million de tonnes, contre 680 750 de tonnes de blé dur. En matière de statistiques et en dépit de cette baisse d'importations de plus de 137 000 tonnes, la facture des importations de blé a augmenté de 528,72 millions de dollars durant les six premiers mois de 2006 à 589,73 millions de dollars durant la même période de l'année en cours. La raison est à mettre sur le compte de l'envolée des cours du blé sur les marchés mondiaux. Les prévisions du Centre international des céréales prédisent que la facture annuelle des importations de l'Algérie atteindrait 1 milliard de dollars, et avec un 5e rang mondial. Cependant, cette facture pourrait être revue à la baisse si l'on prend en considération les prévisions du ministère de l'Agriculture qui espère que la production des céréales de la saison agricole 2007 constituera l'équivalent des besoins de la consommation nationale. La production nationale de blé représente une moyenne annuelle de 2,5 à 3 millions de tonnes. L'Algérie, la Jordanie, la Corée du Sud et Taïwan ont été les derniers clients qui viennent de passer commande de blé auprès des Etats-Unis, premier fournisseur mondial. Le pays actuellement le mieux placé pour tirer profit de l'explosion des cours européens. Les Etats-Unis ont déjà vendu deux millions de tonnes de blé à l'export. Deux fois plus de ce qui était prévu. Un record absolu, selon les spécialistes, qui pourrait bien être amélioré dans les prochaines semaines car tant que les récoltes de l'Hémisphère sud n'arrivent pas sur le marché, les Américains se retrouvent littéralement seuls en piste. L'Ukraine, une origine souvent compétitive face aux Etats-Unis fait défaut en raison de la sécheresse qui l'a obligée à suspendre ses exportations. Elles pourraient diminuer de moitié par rapport à l'année 2006. L'Union européenne est elle aussi malmenée par la météo, elle se voit contrainte de réduire ses disponibilités à l'exportation de 17 à 15 millions de tonnes.