La décision de l'Algérie d'inviter les détenteurs de mandats sur la promotion et la protection des droits de l'homme pour venir s'enquérir de la situation humanitaire en Algérie a été saluée, jeudi à Alger, par le président de la Commission consultative nationale de promotion et de protection des droits de l'homme (CCNPPDH), M. Farouk Ksentini. Lors d'une conférence-débat tenue au siège du quotidien El Moudjahid M. Ksentini a déclaré : "Il a été décidé dernièrement par le Premier ministre d'inviter les rapporteurs des Nations unies sur les droits de l'homme et des institutions des droits de l'homme appartenant à d'autres pays". Qualifiant ainsi cette décision d'"extrêmement importante" et de "progrès considérable" et "substantiel". "Cette décision nous encourage au niveau de la CCNPPDH à travailler encore plus pour la construction d'un Etat de droit", a-t-il indiqué. Pour autant, il a souligné l'existence en Algérie d'une volonté politique "déterminée" et "irréversible" d'édifier un Etat de droit et de le maintenir. A cet effet, ce responsable a précisé qu'une invitation a été adressée par le gouvernement aux rapporteurs spéciaux des Nations unies pour venir en Algérie et procéder aux enquêtes et aux investigations qu'ils ont l'habitude d'effectuer dans d'autres pays. L'ordre du jours de ces rapporteurs spéciaux se sera axé sur la promotion et la protection du droit à la liberté d'opinion et d'expression, sur la violence à l'égard des femmes, ses causes et conséquences, sur le droit à l'éducation, sur le droit à toute personne de jouir du meilleur état de santé physique et mentale, entre autres. M. Ksentini a annoncé que ces rapporteurs seront sur le terrain en Algérie "d'ici peu". Il a indiqué que d'autres invitations ont été adressées par sa commission à d'autres nombre institutions nationales des droits de l'homme de certains pays, à l'instar des commissions marocaine, canadienne, française, britannique, espagnole et italienne. Concernant certaines organisations non gouvernementales (ONG) de défense des droits de l'homme, M. Ksentini a déclaré que l'Algérie a rompu avec ces ONG "parce que, dès le départ, elles ont pris fait et cause pour le terrorisme contre l'Algérie". En poursuivant que "Ces ONG ont terni l'image de l'Algérie", soulignant à cette occasion que l'Algérie" est un pays respectable qui doit être respecté". "Ces organisations doivent reconnaître qu'elles se sont trompées sur l'Algérie", souhaitant, toutefois, leur retour en Algérie. "Mais cette décision n'a pas été encore prise", a-t-il précisé. Abordant la question des disparus, M. Ksentini a indiqué que sa commission a pris en charge ce dossier pour des considérations humanitaires. S'agissant du slogan "vérité et justice" clamé par certaines familles de disparus, M. Ksentini a précisé que les articles 45 et 46 de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale sont "claires" à ce sujet ; en revanche, il a rappelé que l'objectif de sa commission consistait de mettre définitivement fin aux chapitres douloureux de la tragédie nationale, y compris celui des disparus. Cependant, M. Ksentini a saisi cette opportunité pour dresser un bilan partiel de l'évolution des droits de l'homme en Algérie depuis qu'il est à la tête de la CCNPPDH (depuis 2001), affirmant pour autant qu'il est "positif", même "s'il reste des progrès à faire". "La situation s'améliore de manière substantielle", a-t-il assuré, soulignant que les droits de l'homme sont une culture et sont l'affaire de tous. "Cette culture n'est pas totalement répandue en Algérie qui a souffert du colonialisme pendant 132 ans et d'une décennie de terrorisme", a-t-il martelé.