Les produits cosmétiques contrefaits inondent le marché algérien ces derniers temps. Peu scrupuleux des conséquences des effets néfastes de leurs produits sur la santé du client, les commerçants n'hésitent pas à squatter les lieux publics pour les étaler à même le trottoir. Les clients, insoucieux des dangers que peuvent représenter ces produits sur leur santé, voient en ce genre de commerce "un marché de bonnes affaires". Mais avant que les consommateurs ne soient attirés par les prix bas pratiqués, les agents de contrôle de qualité auraient pu intervenir avant que la culture des marchés de trottoir s'enracine chez la population, consommateurs et vendeurs. Il faut dire que la propagation de ce phénomène a atteint des proportions alarmantes dans notre pays, à telle enseigne qu'un boulevard soit baptisé "Boulevard maquillage". Ça se passe à Oran, qui est le centre de ravitaillement de toute la région ouest et sud-ouest du pays en ces produits, qu'ils soient importés ou fabriqués localement. La ville est devenue l'eldorado des marchands ambulants. Ils détiennent de nombreux étals attirant beaucoup de clients dans la capitale de l'Ouest, notamment en été lorsque l'utilisation des crèmes solaires et autres produits cosmétiques augmente en raison des fréquentes sorties en mer, des fêtes et autres cérémonies festives. Les prix bas de ces produits, semble-t-il, appâtent les clients. "Des prix abordables comparés à ceux pratiqués dans les boutiques spécialisées dans la vente de cosmétiques ou dans les pharmacies", affirme une dame à l'APS qui dit dépenser mensuellement entre 2 000 et 5 000 DA pendant la saison estivale et qui est devenue, au fil des jours et des tentations, une fidèle cliente des marchands ambulants. "Ces vendeurs s'approvisionnent auprès des commerçants de détail et de gros à des prix attractifs, car proches de la péremption et chacun (grossiste, petit revendeur, consommateur) y trouve son compte", témoigne un commerçant interrogé par l'APS. Un pharmacien activant au centre-ville d'Oran affirme qu'il existe encore une absence de culture chez le consommateur qui "court derrière tout ce qui est bon marché" et un manque de contrôle pour protéger le consommateur contre la fraude et autres pratiques aux conséquences néfastes. Dans le même contexte, Mme Djazia, esthéticienne et consultante dans un laboratoire international, déclare qu'il est inconcevable et inacceptable que l'on écoule des produits aussi sensibles que les crèmes cosmétiques dans les marchés populaires. Elle exhorte, dans ce sens, les citoyens à acquérir ce genre de produits auprès des officines pharmaceutiques et des boutiques spécialisées, et avertit que la majorité des articles exposés dans les marchés populaires s'avèrent être des imitations et leur utilisation présente un danger. Parole de femme et de spécialiste. Ces produits délicats sont proposés dans des conditions inadéquates dans les marchés. Ils ne portent pas d'étiquettes voire pas de date de péremption et restent longtemps au soleil. Conséquence, un dermatologue affirme qu'un grand nombre de ses patients souffrent de maladies dermiques provoquées par l'utilisation de produits de beauté acquis auprès de marchands ambulants. Il faut reconnaître, par ailleurs, qu'après la Chine et la Russie, l'Algérie serait le pays qui lutte le moins contre la contrefaçon, selon les conclusions du rapport annuel établi par les services du représentant au commerce international américain (USTR). A titre d'exemple, les saisies des produits contrefaits importés frauduleusement ont concerné 1,64 million d'articles en 2009 contre 1,59 million en 2008, selon les chiffres de la Douane. Les cosmétiques viennent en seconde position des articles saisis (30,18%) durant l'année dernière. Ces produits proviennent essentiellement de Chine, qui reste toujours en tête des pays pourvoyeurs de l'Algérie en produits contrefaits, avec 62,5% des produits saisis, suivie des Emirats arabes unis (18,75%), de France et du Niger (6,25% chacun), de la Turquie et de la Thaïlande (3,12% chacune).