Des trottoirs squattés, des marchandises exposées à même la route, laissant peu de place pour les automobilistes. C'est l'image idoine de l'absence des pouvoirs publics à El Hamiz, à une vingtaine de kilomètres d'Alger-Centre.Une région réputée pour la prolifération des commerces en tout genre. Au-dessus des magasins archicombles, des habitations en pleine construction plombent le décor. En l'absence de trottoirs dans les petites ruelles mitoyennes de la rue principale, les commerçants squattent les lieux dans l'impunité totale, puisque les services de la police sont absents. Pour se frayer un chemin au milieu de ce vacarme quotidien, les automobilistes doivent faire preuve de patience. Mais garder son calme n'est pas facile dans de telles situations, laissant la place aux bagarres entre les automobilistes. Devenue au fil des années une importante agglomération commerciale, El Hamiz s'est imposée comme une zone franche où tout type de produits est proposé. Connu pour être un marché florissant pour les produits contrefaits, El Hamiz demeure la preuve du maintien du commerce informel et l'évasion fiscale. Les commerçants rencontrés sur les lieux affirment pourtant vendre des produits d'origine avec des certificats de garantie. «Ce sont des équipements produits localement, alors que d'autres sont un montage algérien», insistent-ils, affirmant qu'ils vendent des produits de qualité à des prix très concurrentiels. «Nous nous approvisionnons des usines implantées dans des wilayas de l'est», affirment plusieurs commerçants de l'électroménager, laissant comprendre qu'il ne s'agit nullement de produits contrefaits, importés de Chine. Les produits commercialisés sont pratiquement les mêmes au niveau de tous les commerces. Exceptée une légère différence de prix entre les différents commerçants, une panoplie de marchandises est proposée, allant du produit cosmétique, aux ustensiles de cuisine, à la literie, la maroquinerie, le jouet, les articles scolaires et électroménagers. «Les prix sont très abordables pour les petites bourses. Je préfère acheter ici car il y a de la bonne qualité, de plus, on offre des garanties», témoignent des clients. Mais la marque reste chère comparativement au produits fabriqués sous licence ou importés de Chine. La qualité ça se paye Cependant, certaines dénominations de marques ressemblent à d'autres très connues, parfois à une une lettre près. Les clients, qui ne s'attardent pas sur la marque, pourraient bien croire qu'il s'agit d'une grande marque, ce qui est déjà une arnaque. «C'est faux !», rétorque un commerçant en produits électroménagers, puisque, selon lui, «la différence des prix est là. Il ne faut pas se leurrer, les produits contrefaits sont moins chers que les produits d'origine». Un client qui acquiert un mixeur, par exemple, à 900 DA sait bien qu'il s'agit d'un produit contrefait, même s'il ressemble étrangement au produit d'origine, y compris pour les petits détails. D'ailleurs, les inspecteurs de la qualité relevant de la direction du commerce peinent, dans certains cas, à faire la différence entre un produit d'origine et un autre contrefait. Pour pouvoir faire la différence et débusquer les contrefacteurs, ils ont besoin de suivre des formations dispensées par les propriétaires des marques, victimes de la contrefaçon. Mais au su et au vu de tout le monde, El Hamiz, tout comme El Eulma et les autres lieux de commerce à ciel ouvert, sont les lieux de vente par excellence de toutes les marchandises contrefaites. En l'absence d'organisation et de contrôle, El Hamiz s'inscrit ainsi en marge de la société, particulièrement sur le plan économique. Bon nombre de commerçants refusent de délivrer des factures aux entreprises clientes pour leur comptabilité, arguant qu'eux-mêmes ont acquis leurs marchandises sans factures. Ceux qui commercialisent des produits algériens affirment travailler légalement, mais pour vous délivrer une facture il faudra que vous supportiez le payement de la TVA. En attendant la création du service d'investigation et de lutte contre la fraude fiscale, prévu dans le cadre de la loi de finances pour 2009, le phénomène demeurera. Après la campagne menée par la Direction générale des impôts, assistée par celle du commerce et des services de la police, en 2005, il s'est avéré qu'une telle action ne pouvait à elle seule porter ses fruits. D'autres méthodes devaient être adoptées depuis pour freiner l'expansion démesurée des activités commerciales.