Le Congrès mondial de l'énergie, qui s'est achevé jeudi à Montréal, a cherché à concilier deux postulats qui semblent opposés : apporter l'énergie à ceux qui en sont privés et maintenir des prix permettant de stimuler l'investissement. Ce thème de la tarification est apparu en filigrane dans les travaux de nombreux ateliers et les débats pléniers, auxquels ont participé pendant cinq jours quelque 7.000 personnes - dont des chefs de grands groupes pétroliers, gaziers et nucléaires, des fonctionnaires internationaux, des chercheurs et plusieurs dizaines de ministres. Il a été évoqué encore jeudi par le président du Conseil mondial de l'Energie (CME), Pierre Gadonneix, ancien patron d'Electricité de France et grand animateur du congrès, dans son discours de clôture. "Le niveau de prix de l'énergie doit contribuer à stimuler l'investissement, garantir la sécurité de l'approvisionnement et promouvoir les économies d'énergie", a-t-il dit. Il s'agit donc d'un prix relativement élevé, a-t-il reconnu implicitement: en même temps, "il faudra garantir que les membres démunis de la société continuent à bénéficier de l'accès à l'énergie, par exemple au moyen de subventions correspondant à leurs besoins". Lors d'une conversation informelle avec des journalistes, M. Gadonneix a cité des modèles de financement innovants utilisés en Inde: au lieu de financer directement le prix de l'énergie via l'industrie, on y accorde des subventions ciblées à la population. Notons que les discussions se sont centrées sur l'accessibilité, la disponibilité, l'acceptabilité et la responsabilité, de l'industrie énergétique qui doit impérativement se renouveler afin d'assurer sa durabilité et celle de la planète. Bien que les énergies fossiles resteront la principale ressource énergétique au cours des prochaines décennies, la croissance de la demande et la nécessité de rendre socialement acceptables les politiques de l'industrie nécessitent d'importants investissements dans les énergies renouvelables et les énergies plus propres. La nécessité de mettre fin à la pauvreté énergétique, c'est-à-dire fournir de l'énergie aux quelque 2 milliards de personnes qui n'y ont pas accès, est devenue une des préoccupations du CME. Et c'est parce qu'il faut mettre fin à la pauvreté énergétique que limiter la croissance de l'industrie énergétique n'est pas une solution, selon M. Gadonneix. Le président du CME a affirmé qu'il ne manque pas de ressources pour répondre à la demande, mais que l'extraction du pétrole et du gaz naturel requiert des technologies plus complexes et plus coûteuses. Le charbon et le nucléaire constituent des solutions de rechange, tout comme les énergies renouvelables, a-t-il ajouté, rappelant que la transition vers ces énergies ne doit pas nuire à la rentabilité de l'industrie. Et parce que l'industrie ne peut pas à elle seule régler tous ses problèmes, des politiques énergétiques nationales et une collaboration nationale entre l'industrie, les gouvernements, les chercheurs et les organisations non gouvernementales sont nécessaires. L'importance de combattre le protectionnisme a également été soulevée. Ces politiques doivent être stables afin de permettre d'établir avec précision les prévisions économiques de l'industrie et, ainsi, réduire les risques liés aux investissements à long terme qui sont requis pour concrétiser la restructuration de l'industrie.