Le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, a affirmé que Paris n'excluait pas un examen par le Conseil de sécurité de la création d'un Etat palestinien, en cas "d'impasse prolongée", dans une interview publiée ce dimanche. "La création d'un Etat palestinien est le gage d'un avenir de paix. Il doit procéder des négociations bilatérales", a déclaré Bernard Kouchner au quotidien palestinien Al-Ayyam, alors que le chef de la diplomatie française est attendu avec son homologue espagnol Miguel Angel Moratinos en Israël et dans les territoires palestiniens. "Mais la communauté internationale ne saurait se satisfaire d'une impasse prolongée. Je crois donc qu'on ne peut pas écarter par principe l'option du Conseil de sécurité", a-t-il indiqué, soulignant que la "priorité" actuelle était "la poursuite des négociations en vue d'un règlement de l'ensemble des questions du statut final". Bernard Kouchner a déclaré que la construction des installations de colons juifs représente une menace pour les négociations de paix directes israélo-palestiniennes, a rapporté dimanche le journal local Al-Hayyah. "Je pense que les responsables israéliens se rendent compte combien la situation est dangereuse", a déclaré le ministre français dans une interview accordée au journal Al-Hayyah, espérant qu'une solution au problème de la construction des installations de colons juifs serait trouvée bientôt. Il n'a pas exclu l'option de saisir le Conseil de sécurité de l'ONU pour décider de l'avenir du problème palestinien si les négociations de paix directes israélo-palestiniennes étaient restées suspendues. "Ce sera notre dernière option", a-t-il indiqué, et d'ajouter que les négociations directes "fructueuses" pourraient éventuellement mener à la création d'un "Etat palestinien reconnu par l'ONU". Le dirigeant palestinien Mahmoud Abbas a évoqué dans un discours prononcé vendredi lors d'une réunion arabe à Syrte (Libye) des alternatives aux négociations avec Israël, bloquées par le différend sur la poursuite de la colonisation juive en Cisjordanie occupée. Selon des participants, Mahmoud Abbas a exposé plusieurs options: demander à Washington de reconnaître un Etat palestinien dans les frontières de 1967, recourir à cette fin au Conseil de sécurité de l'ONU, ou demander à l'Assemblée générale de l'ONU que les territoires occupés soient placés sous tutelle internationale. M. Kouchner a affirmé dans l'interview que la France a présenté trois initiatives : dont l'arrangement pour une réunion tripartite réunissant le président palestinien Mahmoud Abbas, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le président égyptien Hosni Moubarak, ce mois à Paris. La seconde proposition française est l'augmentation des sponsors au processus de paix, et la troisième est l'organisation d'une conférence des donateurs pour l'Etat palestinien. Ces initiatives visent à renforcer l'engagement des acteurs internationaux importants pour le processus de paix, a ajouté M. Kouchner.