Face à la décision de la Ligue arabe, prise lors du sommet de Syrte en Libye, de donner un mois à la diplomatie américaine pour tenter de sauver les négociations de paix israélo-palestiniennes, le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, n'excluait pas un examen par le Conseil de sécurité de la création d'un Etat palestinien, en cas «d'impasse prolongée», dans une interview publiée hier. «La création d'un Etat palestinien est le gage d'un avenir de paix. Il doit procéder à des négociations bilatérales», a déclaré Bernard Kouchner au quotidien palestinien Al-Ayyam, alors que le chef de la diplomatie française est attendu avec son homologue espagnol Miguel Angel Moratinos en Israël et dans les territoires palestiniens. «Mais la communauté internationale ne saurait se satisfaire d'une impasse prolongée. Je crois donc qu'on ne peut pas écarter par principe l'option du Conseil de sécurité», a-t-il indiqué, soulignant que la «priorité» actuelle était «la poursuite des négociations en vue d'un règlement de l'ensemble des questions du statut final». Le dirigeant palestinien Mahmoud Abbas a évoqué dans un discours prononcé vendredi lors d'une réunion arabe à Syrte (Libye) des alternatives aux négociations avec Israël, bloquées par le différend sur la poursuite de la colonisation juive en Cisjordanie occupée. Selon des participants, Mahmoud Abbas a exposé plusieurs options : demander à Washington de reconnaître un Etat palestinien dans les frontières de 1967, recourir à cette fin au Conseil de sécurité de l'Onu, ou demander à l'Assemblée générale de l'Onu que les territoires occupés soient placés sous tutelle internationale. Il faut souligner que les occidentaux veulent à tout prix réaliser leurs objectifs de création d'un Etat palestinien selon leur propre conception et non pas selon les attentes des pays arabes et musulmans. Un Etat palestinien qui sera cousu sur mesure et dont la sécurité dépendra entièrement d'Israël, tel qu'il a été proposé par les israéliens. Ces derniers insistent aussi sur le caractère juif de leur Etat et demandent sa reconnaissance en tant que telle. Les ministres des Affaires étrangères des 13 pays arabes réunis vendredi à Syrte (Libye) ont appelé Washington dans un communiqué «à poursuivre ses efforts destinés à réunir les conditions nécessaires pour remettre le processus de paix sur les rails, notamment par un arrêt de la colonisation». Une nouvelle réunion aura lieu «dans un mois pour examiner les alternatives proposées par le président Abbas pour déterminer les mesures nécessaires qui doivent être prises à ce sujet». Pour les Palestiniens, la colonisation vide de son sens la négociation sur les frontières d'un futur Etat palestinien, en créant des faits accomplis qui risquent d'être irréversibles.