Déçus et excédés par le discours de Netanyahu, les Palestiniens, toutes tendances confondues, le sont davantage par l'accueil chaleureux de l'Occident, qui voit dans ses propos "un pas en avant vers la paix", mais ils n'ont d'autres choix que d'espérer un soutien de la communauté internationale pour faire fléchir le chef du gouvernement israélien. “Après le discours de Netanyahu, il devient clair que nous sommes en présence d'un gouvernement israélien que refuse en réalité une solution à deux Etats, l'arrêt de la colonisation et la reprise des négociations du point où elles s'étaient arrêtées fin 2008”, a déclaré le principal négociateur palestinien Saëb Erakat, pour résumer le sentiment de déception de l'ensemble des Palestiniens, qui n'ont pas été surpris par les propos du Premier ministre israélien. Le porte-parole du Hamas, Fawzi Barhoum, a estimé, quant à lui, que “ce discours reflète l'idéologie raciste et extrémiste de Netanyahu et fait fi de tous les droits du peuple palestinien”. La seule chose qui reste à faire aux Palestiniens, c'est de tenter de convaincre la communauté internationale de les soutenir. D'ailleurs, l'Autorité palestinienne est rapidement entrée en contact “dès dimanche soir” avec l'administration américaine et des pays européens et arabes “pour expliquer que Netanyahu n'a fait qu'émettre cinq +non+”. Mais il est peu probable que cette démarche aboutisse, du moins pas dans l'immédiat, car le président Obama et l'Union européenne ont salué le discours comme un “important pas en avant”, tout en demandant plus à Netanyahu. Ainsi, le président US s'est félicité que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu ait accepté le principe de la création d'un Etat palestinien, selon Robert Gibbs, porte-parole de la Maison-Blanche, qui a déclaré : “Le Président salue un important pas en avant dans le discours du Premier ministre Netanyahu.” Il faut croire qu'Obama ne semble avoir retenu du discours de Netanyahu que le principe d'un Etat palestinien, sans tenir des conditions draconiennes de sa création. C'est du moins ce qui ressort des déclarations de son porte-parole : “Le président s'est engagé en faveur de deux Etats, un Etat juif d'Israël et une Palestine indépendante dans le berceau historique de chacun des deux peuples. Il pense que cette solution peut et doit garantir la sécurité d'Israël et l'accomplissement des aspirations légitimes des Palestiniens à un Etat viable et il salue l'acceptation de ce principe de la part du Premier ministre Netanyahu.” Il n'en demeure pas moins que les analystes estiment qu'en acceptant, sous de strictes conditions, le principe de la création d'un Etat palestinien, le Premier ministre israélien limite la marge de manœuvre de Barack Obama dans sa tentative de mener le processus de paix au Proche-Orient à bon port. Cette idée d'Etat palestinien démilitarisé n'est pas nouvelle, puisqu'elle a été déjà formulée par l'ancien président Bill Clinton à la fin de son mandat. Quant à l'Union européenne, elle a salué la déclaration du Premier ministre israélien, qui, selon elle, “montre sans aucun doute que le gouvernement israélien est prêt au dialogue, mais elle n'ouvre pas la voie à un règlement du problème israélo-palestinien”. “C'est un premier pas très important, mais beaucoup d'autres pas devront suivre”, a résumé la commissaire européenne aux relations extérieures, Benita Ferrero-Waldner, à son arrivée à une réunion des ministres européens des Affaires étrangères à Luxembourg. “C'est un petit progrès, mais par rapport aux attentes, ce n'est pas suffisant”, a affirmé le ministre français Bernard Kouchner, pour lequel “les conditions pour créer cet Etat avec les Palestiniens ne sont pas remplies et sans cet Etat palestinien, il n'y a aucune chance pour la paix dans la région”. Le chef de la diplomatie finlandaise, Alexander Stubb, versera dans le même sens en déclarant : “Je suis content qu'il ait mentionné la solution à deux Etats, mais les conditions qu'il a avancées pour un Etat palestinien sont, je crois, trop dures.” En d'autres termes, c'est tout le monde qui attend encore beaucoup plus de Netanyahu pour résoudre définitivement ce conflit israélo-palestinien, car il n'a fait qu'entrouvrir la porte du dialogue, rien de plus.