La demande faite par le prince du raï cheb Mami à la justice française pour une liberté conditionnelle a été rejetée ce mardi par le juge d'application des peines du tribunal de Melun (près de Paris). Condamné en juillet 2009 à cinq ans de prison pour une tentative d'avortement forcé de son ex-compagne, une photographe de 43 ans, la star du raï ne quittera pas encore l'institution carcérale. Le chanteur avait fait une "demande de libération conditionnelle parentale" pour pouvoir rendre visite à son fils de deux ans, né durant la cavale de l'artiste en Algérie, a expliqué son avocat Khaled Lasbeur. Pour le juge d'application qui a rejeté cette demande "l'enfant ne vit pas en France, mais en Algérie", l'avocat de Mami a donc décidé de faire "appel". Selon toujours son avocat la loi "n'exige pas que l'enfant ait sa résidence en France mais chez le père" et "c'est le cas, car avant son incarcération, cheb Mami, sa femme et son enfant vivaient ensemble en Algérie". Détail important, l'avocat, de Mami s'est demandé pourquoi cette même justice avait accepté de libérer le co-inculpé de Mami - le producteur Michel Lévy - pourtant impliqué directement dans la tentative d'avortement et condamné à quatre ans de prison ferme, tandis qu'elle a laissé son client sous les verrous. Lasbeur a révélé par ailleurs que l'incarcéré s'attendait un peu à ce rejet " il pourrait bénéficier de permissions pour sortir le matin et rentrer le soir pour voir sa famille ou ses amis." avoue t-il. Si rien n'est fait, Mami devrait encore purger près de quatre ans de prison. A moins que le recours en grâce déposé par son avocat auprès du président français Nicolas Sarkozy aboutisse. Résumé de l'affaire A peine descendu du vol Alger-Paris en mars 2008 de l'aéroport d'Orly, Cheb Mami a été interpellé puis placé en détention provisoire. Sous le coup d'un mandat d'arrêt international depuis 2007, le chanteur est accusé de " violences ", " circonstances aggravantes ", " complicité d'enlèvement et séquestration ", " complicité d'administration de substance nuisible " et " menaces et intimidations pour ne pas porter plainte ", contre son ex-compagne, Isabelle, photographe de presse. L'affaire remonte à 2005, mais n'a éclaté au grand jour qu'en octobre 2006, date où le chanteur a été incarcéré puis libéré contre une caution de 200 000 euros après 3 mois passés à la prison de la Santé. Profitant de sa mise en liberté provisoire, le chanteur a pris la fuite pour l'Algérie. La star du raï était alors depuis mai 2007, sous le coup d'un mandat d'arrêt international. Chose qu'il réfutait d'ailleurs puisque dans une interview donnée à El Watan, celui-ci juge qu'il est sous le coup d'un "mandat d'arrêt, point, et non pas d'un mandat d'arrêt international, un vocable judiciaire qu'on utilise contre les terroristes ou autres." L'ex-compagne du chanteur, accusait Mami de l'avoir séquestrée dans sa villa en Algérie, en 2005, puis droguée pour tenter de lui faire subir un avortement, avec l'aide de trois hommes, sans pour autant y parvenir. Malgré le traumatisme, le foetus est resté viable, et la mère a finalement décidé de garder l'enfant. Une fille, née en mars 2006. Le chanteur, lui, nie avoir été à l'origine de la tentative d'avortement forcé et dément avoir été sur les lieux au moment des faits, se défaussant sur son manageur, Michel Lévy, qui aurait selon lui tout orchestré. Le chanteur clamait alors son innocence, se disant victime d'une tentative d'extorsion de la femme qui n'en voudrait, selon lui, qu'à son argent. Est-ce la fin de la carrière de Mami ? Le lancement du mandat d'arrêt international contre l'auteur de Let me raï et Méli Méli est intervenu à la veille de la sortie en 2007 de son album Layali. Cela avait compromis sérieusement et la carrière de l'opus et celui de Mami qui n'est pas monté sur la scène pour la promotion de cet album. " L'on a mis un trait à ma carrière artistique. L'on croit que la France est le monde, et le monde est la France. Non, le monde, ce n'est pas la France, et la France n'est pas le monde. L'Algérie est vaste pour exercer mon métier. Et le monde est large. Il y a l'Egypte... " a avoué le chanteur dans un entretien à El Watan.Se disant " piégé et trahi ", Mami compare cette affaire à une autre qui a entaché la réputation de feu Hasni : " Ce qui m'est arrivé ressemble exactement au même cas du frère de Hasni (le chanteur de raï assassiné en 1994). Elle a déjà une fille avec le frère de Hasni. Comme par hasard, cela se passe qu'avec les chanteurs. Donc c'était un acte prémédité "clamait-il encore ajoutant que " le fait de me mettre sous mandat de dépôt, l'on savait bien qu'on mettait fin à ma carrière artistique. Ils savaient bien qu'on allait me " tuer " artistiquement parlant. " Pour lui, la justice française est une justice à deux vitesses car quand il s'agit de l'acteur Samy Naceri (d'origine algérienne), de cheb Mami ou encore d'un de mes amis, " c'est une autre image caricaturale que l'on présente d'eux, aux médias " concluant que " le fait de me placer en mandat de dépôt, c'est fatal pour une carrière. L'album et 30 ans de carrière ont été détruits. "