La maison de la culture Mouloud Mammeri a abrité durant deux jours (dimanche et lundi) un colloque consacré à l'œuvre de l'écrivain algérien d'expression française, Mohamed Dib Initié par l'association culturelle Si Mohand U Mhand de concert avec l'association la Grande maison de Tlemcen, ce rendez-vous littéraire était étayé par une importante exposition qui rassemblait des photographies de l'écrivain, des articles de presse, des témoignages d'écrivains étrangers et algériens, en plus d'une expo de livres de cet écrivain publiée chez "SamediMultilivres " de l'Entreprise Cheikh et l'Entreprise nationale des arts graphiques "Enag". Les plasticiens Bouchenak Khelladi Houari, membre de l'atelier exposition photo-peinture et Hadj Kacem Fethi, chef d'atelier arts graphiques de l'association "La Grande maison", étaient également invités a exposer leurs œuvres avec un texte mémorable de Mahmoud Darwich où il est dit : "Si le jeune était un arbre". Lecture d'oeuvres de Mohammed Dib, récitals poétiques ont également ponctué ce rendez-vous exceptionnel qui s'est déroulé dans une ville qui a un respect religieux pour les grandes figures de la littérature algérienne. En tout six conférences dont " Tlemcen ou les lieux de l'écriture", " Parcours croisé, un homme et une œuvre ", "Écritures en migration chez Dib", "La symbolique du tissage dans le Métier à tisser de Mohammed Dib", "Parcours cursif de l'oeuvre Dibienne", "le pouvoir comme passion dans l'oeuvre de Dib", "Dib et les écrivains de la langue arabe", ont été donné par des spécialistes universitaires avec lesquels le public a engagé d'intéressants débats. Outre les débats, une projection du "Portails croisés Mustapha Badie/Mohammed Dib" de Nassim Khalf ainsi que "Arfia" de Losé Hermandez, adapté de la scène de théâtre "Mille houras pour une gueuse " de Dib eu t lieu dans l'après midi d'hier. " La grande maison " une œuvre qui colle à la peau Il y a sept ans, le 02 mai 2003, l'écrivain algérien Mohamed Dib rendit l'âme à son domicile de la Celle-Saint-Cloud, près de Paris. Il avait 82 ans. L'auteur de la fabuleuse trilogie, La Grande maison était considéré par Aragon qu'il fréquentait, Jean Dejeux et autres …, comme l'un des écrivains algériens les plus précis et les plus modernes. La fondation éponyme a depuis cette date instauré une tradition commémorative dans sa ville natale de Tlemcen où elle lui rend régulièrement hommage. Ces activités ont depuis 2006 concerné surtout la relance du prix littéraire Mohamed Dib, attribué une fois tous les deux ans, (2007/2009). Il y a cinq années, Mohamed Ali Bouacida, a été lauréat du trophée symbolique, (2004/2006) et en cette circonstance, l'auteur a procédé à une vente dédicace. Auteur d'une œuvre colossale, il n'y en aura qu'une qui lui collera toute sa vie à la peau : Il s'agit de la fabuleuse trilogie, La Grande maison, une œuvre qui sera adaptée sur le petit écran de façon magistrale par le défunt Mustapha Badie. Qui se souvient encore de Lala Aïni, de la Biyouna toute jeune qui y avait fait, par pur hasard, son baptême de feu ? Qui se souvient du petit Omar, cet anti- héros par excellence, aujourd'hui errant dans cet Alger qui l'a rendu fou ? Un téléfilm en noir et blanc qui a fait connaître, un homme et une œuvre tirée de façon extraordinairement réaliste de la misère humaine. Notes biographiques Mohamed Dib est né le 21 juillet 1920 à Tlemcen. Il fait ses études primaires, puis études secondaires au collège de Slane à Tlemcen. Il passe une année au lycée d'Oujda, puis entre à l'École normale d'instituteurs d'Oran, d'où il sortira sans diplôme. Instituteur en 1939-1940 à Zoudj-Beghal, puis comptable dans les bureaux des armées alliées à Oujda, au début des années 40. En 1945, il revient à Tlemcen où il travaille dans la corporation des tisserands. Entre 1950-1951, il fait des reportages divers, des textes engagés et des chroniques sur le théâtre en arabe parlé pour Alger-républicain. En 1959, il part en France et s'installe à Mougins, dans les Alpes-Maritimes. Voyage dans les pays de l'Est et, en 1960, au Maroc. En 1964, il s'installe à Meudon, puis à La CelleSaint-Cloud, près de Paris. Poète, romancier et auteur dramatique, le dernier des écrivains algériens de ce qu'on a appelé la " génération 52 " a publié plus de trente ouvrages. Il résidait en France depuis 1959 et n'était plus retourné en Algérie depuis 1983, date à laquelle il s'était rendu à l'enterrement de sa mère. Après la mort de son père en 1931, il commence autour de 1934 à écrire des poèmes mais également à peindre. Sa rencontre avec un instituteur français, Roger Bellissant (qui deviendra son beau-père) le conforte dans la voie de l'écriture. Il publie en 1946 un premier poème dans la revue Les Lettres, publiée à Genève , sous le nom de Diabi. Mohammed Dib lit à cette époque les classiques français, les écrivains américains, les romanciers soviétiques et italiens. Après avoir quitté en 1952 Alger républicain, Mohammed Dib séjourne à nouveau en France alors que paraît aux éditions du Seuil La Grande Maison, premier volet de sa trilogie Algérie, inspirée par sa ville natale, qui décrit l'atmosphère de l'Algérie rurale. Les deux autres volets de la trilogie, L'Incendie et Le Métier à tisser, paraissent en 1954, l'année même du déclenchement de la guerre de Libération.