Le cinquième festival national du théâtre comique s'ouvre le 26 octobre prochain et se poursuivra jusqu'au 1er novembre dans la ville antique de Médéa. Le rendez-vous compétitif mettra en lice pour la Grappe d'Or, la plus haute distinction, pas moins de huit pièces de théâtre signées toutes et sans exception par de jeunes comédiens ayant évolué dans différentes contrées du pays. Créé vers 2004 pour immortaliser le défunt comédien Rouiched auquel cette manifestation du 4ème art était dédiée au départ, ce festival institutionnalisé en 2005 est devenu au fil des ans un forum d'expression qui donne aux jeunes une chance inouïe de présenter leurs créations respectives. Au fur et à mesure de ces éditions, cette rencontre est devenue plus globale parce qu'elle célèbre pas seulement Rouiched mais aussi d'autres noms qui ont tout au long de leur vie fait du 4ème art une passion, plus que ça une vocation à l'image de Mohamed Touri, qui a d'ailleurs une salle de spectacle à Blida qui porte son nom. En marge des représentations compétitives, il y a dorénavant des hommages destinés à glorifier les carrières des hommes du théâtre et cette fois-ci à l'occasion de cette cinquième édition, c'est à l'illustre défunt dramaturge Rachid Ksentini que les organisateurs ont prévu de rendre un hommage posthume. Un hommage en reconnaissance à son apport au théâtre populaire algérien en arabe dialectal que ce dramaturge perfectionnait tout comme son compère Kateb Yacine, au-delà des lois rigides et conventionnelles des théâtres classiques surtout destinés à une élite qui d'ailleurs n'existait pas à leur époque puisque plus de 85% de la population algérienne étaient analphabètes. Le théâtre en ce temps là, en pleine révolution devait servir ni plus ni moins à réveiller les consciences et à dénoncer les injustices d'une colonisation particulièrement sanglante. Les pièces en lice Les huit représentations théâtrales sélectionnées qui vont se disputer la "Grappe d'or", prix crédité d'un montant de 400. 000 DA, sont "El-Hachamine" du théâtre régional de Batna, "Hob Fi Ech-Charaâ", interprétée par les jeunes comédiens de la coopérative "El-Wiam" de Sidi Bel- Abbès, "El-Kochmar" et "Souk Er-Redjal", mises en scène respectivement par le "Cercle Mohamed Touri", de Blida et la coopérative "Mohamed-Yazid" d'Alger. Les amateurs du 4e art pourront également suivre les prestations sur scène des comédiens du "Nouveau théâtre" de la ville des Issers, Boumerdès, dans la pièce "Hirassa mouchaddada", ou encore "Hob Fi Khedaâ", de la coopérative culturelle "El-Athmania", d'Oran et "Legatine Es-Soualeh", de la coopérative "Génération 2000 de théâtre et de cinéma" de Tlemcen. La ville organisatrice de cette manifestation sera présente à travers la pièce "El-Ghoula", produite par l'association "Akouas", qui tentera d'emboîter le pas à l'autre représentant local du théâtre amateur, la troupe "Bencheneb", primée lors des précédentes éditions. Le commissariat du festival a programmé, hors compétition, deux spectacles professionnels, en l'occurrence "Fi kawalis Firkate Chahrazad", interprété par la troupe "Initiative" du Maroc et "Akilate El-Louhoum El-Bacharia", oeuvre dramatique signée par le dramaturge jordanien et critique de théâtre, Mamdouh Attouane, qui sera l'un des invités d'honneur de ce festival, aux côtés du spécialiste du 4e art, le Marocain Abdelkrim Berrached. Un mot sur Rachid Ksentini : il faut dire que ce dernier tout comme fut son compère Sellali appartiennent à cette "élite populaire" qui n'a connu ni l'université d'Alger, ni celle de Paris ou d'El Azhar ou de la Zitouna. Et c'est avec ces autodidactes chevronnés que le théâtre débutant en Algérie cesse d'être un "acte normatif limité aux puristes de l'arabe classique" pour devenir un spectacle éminemment populaire. L'avènement de ce théâtre constitue, en effet de par sa particularité esthétique et langagière recourant au dialecte populaire et scènes du quotidien social algérien, une nouvelle forme de prise en charge du vécu populaire. Avec la pièce "Djeha" de Allalou , présentée le 12 avril 1926 au Kursaal, le signal est pratiquement donné pour l'inauguration d'une nouvelle socialisation culturelle où le public s'identifie avec les sujets des scènes puisées essentiellement dans la tradition culturelle citadine et les vicissitudes de la vie quotidienne.