Les prix du blé français flambent. Pour l'échéance mai, c'est-à-dire pour le dernier contrat concernant la campagne actuelle, les cours ont dépassé les 160 euros la tonne. Les prix montent parce que les opérateurs ont moins de marchandise disponible que ce que les statistiques diffusées par l'Office français des grandes cultures laissent supposer. Cela ne veut pas forcément dire que la production est moins importante que prévu mais que les paysans ne livrent pas toutes leurs céréales aux coopératives chargées de la collecte. Ainsi, 450 000 tonnes de blé font défaut dans le dernier bilan mensuel du bureau français des céréales. Une faille qui n'a pas manqué de piquer les marchés. L'information rendue publique avant-hier circulait depuis plusieurs jours dans le négoce, d'où l'explosion des prix du blé français. Première explication donnée par les spécialistes, c'est que les producteurs gardent une partie de leur production pour faire la soudure jusqu'à la prochaine récolte ; deuxième hypothèse, vu le prix du blé, ceux qui sont aussi éleveurs préfèrent garder leur production pour nourrir leur bétail plutôt que de l'acheter. Sachant que la France est le premier fournisseur en blé de l'Algérie, l'on se pose donc la question, que feront les négociants algériens devant cette flambée des prix du blé français ? On apprend dans ce contexte qu'en raison de la hausse de la céréale française, l'Algérie se tourne vers d'autres origines. Les négociants regardent du côté de l'Allemagne par exemple où les prix sont nettement plus intéressants. Jusque-là, la France est considérée comme le premier fournisseur de blé de l'Algérie. Les quantités en provenance de France, en 2006, ont atteint 2,56 millions de tonnes dont 1,78 million de blé tendre pour une valeur de 295,49 millions de dollars et 784 994 tonnes de blé dur pour 174,67 millions de dollars. Néanmoins la France risque de perdre sa place si elle maintient ses prix à la hausse. Aujourd'hui, les blés français sont de plus en plus chers, voire les plus chers du monde. Conséquence d'un euro qui flirte au dessus de 1,33 dollar, les blés hexagonaux peinent davantage à s'exporter. Ainsi, depuis le début de la campagne, l'Egypte, l'un des plus gros importateurs de blé dans le monde a passé commande de 1,8 million de tonnes de blé américain, 0,9 Mt de blé russe, 0,5 Mt de blé canadien et seulement 0,4 Mt de blé français. Aux Etats-Unis, la forte demande de maïs due au développement des biocarburants a fait chuter les prix du blé américain de plus d'un tiers. Pour ce qui est de l'Algérie même si en 2006, la France a préservé sa place de premier fournisseur du marché algérien en blé bien que la parité euro-dollar soit défavorable aux importateurs algériens qui bénéficient, cependant, de l'avantage de la proximité du marché français, elle risque toutefois d'être boudée par les importateurs algériens. Ils voudraient sûrement voir ailleurs, notamment du côté du continent américain. Le Canada par exemple qui est le deuxième fournisseur de l'Algérie en blé dur avec 429 587 tonnes en 2006 pour 156, 95 millions de dollars. Les Etats-Unis sont le troisième pays avec 325 716 tonnes (63,77 millions de dollars) et le Mexique le quatrième avec 188 673 tonnes (40,58 millions de dollars). Pour le blé tendre, la Pologne a été le deuxième fournisseur après la France avec une quantité de 155 600 tonnes pour 27,38 millions de dollars. Elle est suivie de la République tchèque, de l'Ukraine, de l'Allemagne et de la Russie. Il est donc clair qu'on a d'ores et déjà trouvé des substituts au blé français.