La violence contre les femmes a pris des proportions alarmantes ces dernières années. Le phénomène touche de plus en plus de femmes qui, souvent, sont victimes de violences commises par le mari, le père, le frère ou même l'enfant. Le réseau Wassila, qui s'intéresse de près à ces actes "condamnables", a élaboré une enquête dans la quelle il est clairement mentionné que "70% des violences sont commises au sein de la famille". Un drame que Dalila Djerbal du réseau Wassila entend combattre et surtout sensibiliser et les victimes sur leurs droits et les enfants qui sont les futurs citoyens. Le plus dur pour les animateurs du réseau et l'omerta imposée du fait de plusieurs facteurs. Dalila Djerbal, invitée de la Chaîne III hier, a estimé que la plupart des victimes observent un silence et rares sont celles qui déposent plainte. Les données qu'elle a livrées montrent, en effet, que sur les "300 appels reçus au niveau du centre, 5 seulement font le pas d'aller déposer plainte contre leur agresseur". Autre statistique qui corrobore les affirmations de Mme Djerbal est que "40% des 4500 autres appels recensés demandent une aide psychologique et 30% formulent des demandes liées aux aspects juridiques comme le divorce et la reconnaissance de la paternité". L'application de la loi qui, selon elle, est vague, est un problème qui vient aussi rendre la tâche des associations difficile au même titre que celle des victimes. Pour elle, "il n'est pas facile d'appliquer la loi qui n'aborde pas directement l'aspect de la violence contre les femmes", ajoutant que la loi dans le code pénal "ne distingue pas entre l'espace public et privé où sont commis les actes de violence". Comme solution préconisée, "l'éloignement de l'agresseur de la victime qui est complètement ignoré chez nous". Le réseau Wassila, qu'elle représente, a élaboré un "livre noir sur la violence conjugale" et ses membres ont été reçus lundi dernier par le rapporteur de l'ONU qui est à Alger depuis quelques jours. Dalila Djerbal n'a pas caché son mécontentement en affirmant clairement qu'"il n'y a pas beaucoup d'avancée dans ce domaine car aucune loi ne criminalise la violence conjugale". Les lois en vigueur, estime-t-elle, "ne sont pas claires comme le code de la famille qui comprend quelques articles discriminatoires". Pour cette sociologue de formation, l'Algérie, a certes ratifié des conventions protégeant la femme "mais cela est insuffisant car notre pays doit à présent passer de la signature à l'application".