Le Portugal pourrait être contraint à renoncer à l'euro s'il ne parvient pas à former un gouvernement de coalition élargie capable de régler la crise financière, estime le chef de la diplomatie de Lisbonne, Luis Amado, dans l'édition de samedi de l'hebdomadaire Expresso. Pour le ministre des Affaires étrangères, la majorité et l'opposition doivent oeuvrer ensemble pour faire face à "une situation extrême". Le Portugal a pâti ces dernières semaines d'une dégringolade de la confiance des investisseurs, au moment où des tensions se manifestaient dans la zone euro sur la solidité de la politique budgétaire de l'Irlande. Ces craintes ont fait grimper les rendements à des montants les plus élevés depuis l'intégration du Portugal à l'euro. "Le pays a besoin d'une grande coalition lui permettant de traverser la situation actuelle. Je crois que les partis (politiques) comprennent que la solution de rechange à la situation actuelle serait de quitter finalement l'euro", ajoute le ministre. "C'est une situation qui peut nous être imposée par les marchés". Grâce à un plan d'austérité drastique, le gouvernement socialiste portugais s'est fixé pour engagement un déficit limité à 4,6% du produit intérieur brut (PIB) l'année prochaine, contre une estimation à 7,3% cette année et à 9,3% l'année dernière. Le vote du budget est désormais assuré au Parlement à la suite d'un accord trouvé avec le parti d'opposition. Cet accord était nécessaire car le gouvernement ne détient par la majorité au Parlement. Les analystes doutent cependant que l'actuel gouvernement minoritaire aille jusqu'au bout de son mandat en 2013, et notamment parce que le PSD (opposition) est en tête dans les intentions de vote. Aux termes de la Constitution, les Portugais ne peuvent pas aller aux urnes d'ici mai 2011. Le produit intérieur brut (PIB) du Portugal a enregistré au troisième trimestre une hausse de 0,4% (contre 0,2% au trimestre précédent) et de 1,5% sur un an grâce aux exportations, a annoncé vendredi l'Institut national des statistiques (INE). En glissement annuel, la croissance a légèrement progressé par rapport au trimestre précédent (+1,4%) "grâce à la contribution positive de la demande externe". Cette évolution "est surtout le résultat de la hausse significative des exportations de biens et services", a précisé l'INE dans une première estimation. En revanche, "la demande interne, qui avait été positive au deuxième trimestre, a été négative au troisième trimestre". Pour l'ensemble de l'année, le gouvernement portugais table sur une croissance à +1,3%.