C'est sans doute elle qui a sorti de l'anonymat l'auteur récemment trépassé, Tahar Ouettar. "Les martyrs reviennent cette semaine " une nouvelle qu'il a signée en 1974 à Bagdad, puis rééditée en 1980 à Alger, a lors de son adaptation au théâtre à la fin des années 80 cartonné. Des années plus tard, le texte intéresse toujours. Il sera incessamment adapté au cinéma par le comédien syrien Aymen Zidane. Le film s'appellera selon le réalisateur " Les revenants " et le premier tour de manivelle sera donné incessamment. Noué autour de la thématique de la guerre d'indépendance et soutenu par une superbe interprétation littéraire, les personnages de ce sublime récit, tout en étant facétieux ont su rendre la gravité du contexte historique, la chronique a captivé et ému. La trame forte émouvante a surtout valu par la qualité du discours livré et par le truchement dans lequel Tahar Ouettar interroge non seulement l'histoire mais aborde l'aspect manichéen voire philosophique de la vie. Dans ce long métrage, Aymen Zidane prévoit de donner des fresques de la société arabe dans ses aspects les plus significatifs et les plus larges, les rapports entre les jeunes et le monde du travail, la marginalisation, l'amour et le couple, le choc des générations, l'amitié, la peur, la terreur…en clair, les différentes étapes de la vie. Ce célèbre comédien ambitionne, tout en gardant l'âme de l'histoire, de faire l'ébauche d'une histoire émouvante et attachante. Selon certaines indiscrétions, le déroulement des événements renvoie le spectateur aux anciennes séries policières américaines, dans lesquelles la victime décide de découvrir la vérité en bravant les interdits, ce qui fait d'elle un sujet de soupçon même auprès de la police. L'essentiel pour Aymen Zidane est de " Partager des moments de plaisir, d'échanger librement mes idées, être moi même ", il renchérit sur les ondes de la radio " J'espère et je souhaite être à la hauteur de cette adaptation qui me semble une tâche ardue ". Une pièce qui fait un carton Publiée en 1974 à Bagdad, puis rééditée en 1980 à Alger, cette nouvelle de l'écrivain algérien Tahar Ouettar se situe à la limite du fantastique, mais au cœur même du débat de société. L'histoire commence par l'annonce du retour des martyrs de la guerre de libération nationale. Un homme voit en rêve le retour de tous ceux qui sont morts au combat. À leur tête, il reconnaît son propre fils. Il sort de son sommeil et, porté par ce bonheur inespéré, part annoncer la nouvelle à tout le village. Le rêve agit alors comme un révélateur et débusque, un à un, les mensonges érigés en système de pensée et de pouvoir. Ce rêve de fou que personne ne prend au sérieux, finit pourtant par réveiller les démons de l'invraisemblable. Et chacun de se positionner alors par rapport à cet événement devenu probable au regard des consciences. Une véritable mise à nu de la société algérienne confrontée à cette terrible dépossession : à l'immense espoir né de l'indépendance fait suite l'étouffement des libertés. La pièce de théâtre que Ayad Ziani-Chérif avait créée en 1987, contribua pour beaucoup à populariser le texte de Tahar Ouettar et à accroître la notoriété de son auteur. À la veille des événements d'octobre 1988, cette première version fût d'ailleurs distinguée par le grand prix des Journées théâtrales de Carthage. Sa reprise dans le cadre de "Djazaïr, une année de l'Algérie en France" se distingue notamment par le recours généreux du metteur en scène aux formes d'expression populaires qui avaient cours dans la société traditionnelle : les gouals ou meddah qui écumaient les marchés et les places, les halqas, le récit sous forme de chant. Cette démarche créative a en outre le mérite "d'actualiser" la question encore sensible de la mémoire dans une société marquée par de nombreuses épreuves. Le réalisateur syrien saura t-il rendra cette âme algérienne d'après guerre ?