Métier précaire, l'art en général ne nourrit pas son homme. Chez nous, les artistes -pas tous bien sûr- travaillent au gré des circonstances, de l'événementiel, la plupart du temps ils se roulent les pouces. Le pire c'est que quand ils tombent malades et s'ils n'ont pas la chance d'être pris en charge par le ministère de tutelle, ils trépassent dans la misère ou parfois des élans solidaires leur réchauffent leur chaumière. C'est le cas d'ailleurs de Djilali Raina raï décédé récemment dans l'indigence la plus absolue. Pas tout à fait claires, les conditions professionnelles des artistes ne lui permettent pas d'être affilié à la sécu, ce qui fait de lui un artisan qui travaille presque à la tâche et au noir selon les créations du moment. Mais qui est artiste et qui ne l'est pas ? Eh bien c'est le conseil des arts et de la culture, une instance dont le texte sera bientôt présenté au conseil du gouvernement qui le dira. Sa mission principale serait de délivrer des cartes d'artistes, selon la ministre de la Culture, Khalida Toumi qui a fait cette annonce la semaine dernière via la chaîne III. Avec cette carte, tous les artistes seront identifiés en tant que tels et du coup ils bénéficieront d'une couverture sociale. "Les artistes sont des travailleurs indépendants. Il est impossible de les considérer comme des fonctionnaires. Le coeur du problème de nos artistes c'est la couverture sociale. S'ils veulent accéder à une caisse de sécurité sociale, ils doivent être identifiés par une carte d'artiste", a expliqué la ministre. Il ne faut pas confondre ce conseil et cette carte avec le statut de l'artiste, vivement revendiqué par la famille des arts. Parce que là, la ministre a toujours soutenu qu'il fallait pour le faire que les artistes forment leur propre organisation, qui portera leur revendication et qui sera le vis-à-vis direct du ministère de tutelle. Exiger un contrat De plus, Khalida Toumi a appelé la famille artistique à "exiger" pour chaque chantier, un contrat avec les organismes chargés des activités artistiques. Celui-ci consacrera leurs droits, et malheureusement selon toujours la ministre, pour le moment "seuls les établissements publics garantissent un contrat". Au chapitre 7ème art, Khalida Toumi estime que la gestion, la réhabilitation et la création de salles de cinéma représentaient "une réelle problématique", rappelant que son département est actuellement en négociations avec les collectivités locales pour récupérer les salles qui sont "entre leurs mains". "Il faut affecter les salles de cinéma au ministère de la Culture, pas pour les gérer mais surtout pour pouvoir mettre un budget pour leur rénovation et réhabilitation", a-t-elle souligné. Autre nouveauté pour l'aide à la création cinématographique, une taxe de 1% sur le chiffre d'affaires de la publicité sera prélevé à partir de 2011 pour alimenter le Fonds d'aide à la cinématographie. Toujours concernant le cinéma, la question de la distribution des films reste une question "épineuse" du fait que les distributeurs privés se comptent sur les bouts des doigts et que les organismes publics ont disparu depuis la décennie 90. "Tlemcen, capitale de la culture islamique 2011" s'ouvrira avec la fête du Mawlid Ennabaoui. 50 films (longs et courts métrages, et documentaires), 19 pièces de théâtre et au moins 15 expositions sur le patrimoine et l'art islamiques, seront réalisés dans le cadre de ce rendez-vous ainsi que 32 projets de restauration de sites historiques. Khalida Toumi a par ailleurs présenté un décret proposant la création d'une agence nationale des secteurs sauvegardés qui sera chargée de la mise en oeuvre des plans permanents de sauvegarde qui concernent dix secteurs, indiquant que cinq plans permanents de sauvegarde sont en voie de finition alors que celui de la Casbah est prêt. Reste à voir si cette nouvelle embaumera le cœur des artistes.