Il aurait fallu attendre 33 longues années, de sérieuses négociations menées par des chefs d'Etat africains à leur tête Abdoulaye Wade, jadis farouche opposant à la politique de Senghor, l'ex-président qui a initié ce rendez-vous, pour voir relancer le très riche Festival mondial des arts nègres à Dakar. Le jour J est arrivé et ce vendredi s'ouvrira en grande pompe la troisième édition de ce festival où sont attendues plus de 160 stars planétaires dont la Togolaise Angélique Kidjo, le Sénégalais Youssou Ndour, le Brésilien Carlinhos Brown, la troupe sud-africaine Mahotella Queens et le tambour major sénégalais Doudou N'Diaye Rose qui auront le privilège d'ouvrir cette manifestation grandiose qui aura lieu dans deux villes symboliques du Sénégal, Saint-Louis et la capitale Dakar. D'immenses travaux ont été menés au Musée Théodore Monod d'art africain de Dakar qui va abriter l'exposition sur les arts d'Afrique. La pléiade d'artistes qui sera au rendez-vous animera les concerts et spectacles prévus dans le programme de cette manifestation, qui verra par ailleurs, l'organisation d'une exposition internationale des musiques noires. Vivement sollicitée depuis le début des préparatifs il y a plusieurs mois, l'Algérie a finalement répondu oui pour aller à Dakar et à Saint-Louis, où devrait se dérouler l'essentiel des activités de cette immense rencontre. Le délégué général du Festival mondial des arts nègres, Abdou Laziz Sow, s'est déclaré "impressionné par la qualité du succès du 2ème Festival culturel panafricain (Panaf2009) qui s'est tenu en juillet 2009 en Algérie". "La partie sénégalaise a exprimé le souhait de bénéficier de l'expérience et du savoir- faire algériens en vue de réussir le Festival mondial des arts nègres", selon Zehira Yahi. Cette rencontre unique en son genre, se déroulera du 10 au 31 décembre et comportera un programme hyper riche compte tenu de la longue histoire politique et culturelle de ces arts nègres. Il faut savoir que ce grandiose événement a été suspendu depuis 1977, et en 44 ans après sa naissance en l'an 1966, il est de retour. Il se déroulera dans deux villes symboliques du Sénégal : Saint- Louis qui conserve une colossale mémoire sur la négritude et Dakar la capitale. Défendu bec et ongles par Léopold Sédar Senghor, le défunt poète et ancien président du Sénégal, le Festival Mondial des Arts Nègres renaît ainsi de ses cendres. Cinquantenaire des pays d'Afrique Dakar reprend donc le flambeau de la négritude et ça grâce à la clairvoyance de Abdoulaye Wade. Cette 3ème édition du Fesman se déroulant durant le cinquantenaire de la majorité des pays africains, doit interpeller tout un chacun pour que les peuples nègres sortent de leur léthargie. Une période qui pousse à une méditation sérieuse sur le passé, le présent et l'avenir. Mais que va-t-il se passer durant ce festival plusieurs fois reporté? Le président Abdoulaye Wade prévient que ça ne sera jamais "une addition d'événements, il doit dégager un message. Lequel ? Emis par qui ? Destiné à qui ? Par la voie de la culture, à travers une formulation très nette et très claire . D'où la question soulevée par le président Abdoulaye wade: "Qu'est-ce que l'Afrique veut dire au reste du monde? ". Déjà, le planning prévoit une série d'activités : Forum-débat, Salon du livre, Gastronomie, Exposition des créateurs, Architecture, Danse et Théâtre, Cinéma, Arts d'Afrique, Arts visuels, Design, Photographie, Artisanat d'art, Expositions : épopée des musiques noires, Sciences et Technologies, Sports (course de 5 km et 10 km), Défilé de mode, Soirées de gala et thématique...Des réflexions vont dans le sens de " L'Apport des peuples noirs à la Science et à la Technologie ; Permanence de la résistance des Peuples noirs ; Les Diasporas africaines: Géographie-Peuplement- Histoire- Situation politique, La participation des peuples noirs à l'avènement du Monde Libre ; Quelle place et quel rôle pour l'Afrique dans la gouvernance mondiale? Les anciens Egyptiens étaient-ils ou non des noirs ? Tapis rouge pour Le Brésil S'il y a un pays au monde où la diversité culturelle n'est pas un vain mot, c'est bien le Brésil. Il dispose d'un patrimoine culturel très riche pour le peuple noir. Tous les reliquats de la tradition négro-africaine issus de la traite négrière y sont mis en valeur. Alors que l'Afrique, mère-patrie pour tous, perd de plus en plus son âme aux dépens de la civilisation occidentale. Le Fesman 2010 met le tapis rouge pour le Brésil : avec 80 millions d'habitants Noirs ou métis, le Brésil, symbole de la diversité culturelle, est le pays qui compte le plus d'habitants noirs ou métis, après le Nigeria, sera présenté dans toutes les disciplines du Festival, dont le sport. Le Brésil présidera deux soirées musicales ; une soirée lui sera dédiée, pour découvrir ses richesses musicales. Une soirée Lusophonia permettra aux pays d'Afrique lusophone de se réunir autour du Brésil. Durant ces concerts, des spectacles de danses et parades populaires inspirées des traditions festives brésiliennes feront vibrer les rues sénégalaises... Le Festival sera l'occasion de découvrir le Brésil dans toute sa diversité et sa fécondité, et de mettre en valeur son héritage africain. Par ailleurs et selon le délégué général du festival, Aziz Sow, le coût du festival est estimé à 18 milliards FCFA (1euro équivaut à 656 FCFA), avant de préciser que "cette somme est déjà inscrite dans le budget 2009 de l'Etat du Sénégal". L'Afrique ne sera donc pas seulement un continent à conflits, mais une terre de chaleur et de vie.