Lorsqu'un film est distingué, il y a en général toujours un effet boule de neige. C'est ce qui s'est passé d'ailleurs quelques années auparavant avec " Rachida " de Mina Chouikh et plus récemment encore pour " Mascarades " de Lyes Salem. Et ça semble commencer pour "Garagouz" d'Abdenour Zahzah. Il y a quelques jours, ce film triomphait au 28ème Festival tous courts d'Aix en Provence (France) avec deux trophées : le Prix du public et le Prix du jury jeune. Auparavant au festival d'Aguilar de Campoo en Espagne, le même film fut distingué lors de ce rendez-vous dédié au court métrage . Cette semaine, le même court est revenu du septième festival international de Dubai (Emirats arabes unis) clôturé dimanche avec le prix spécial du jury. Zahzah qui a déjà à son actif une dizaine de films documentaires sur différents thèmes, a été félicité par Khalida Toumi, ministre de la Culture ainsi que son producteur Yacine Laloui de Laith Média. Ce court métrage de 24 minutes produit en septembre 2010, a ainsi cumulé 5 prix en moins de trois mois, le premier étant le Prix du public du Midi Libre lors de la 32ème édition du Festival du cinéma méditerranéen de Montpellier en octobre. Le récit de ce film qui raconte les déboires d'un père marionnettiste et de son fils apprenti qui sillonnent les villages algériens "pour y apporter un peu de joie et de rêve", ressemble étrangement à la fabuleuse fable d'Hector Mallot, "Sans famille ". A bord de leur camionnette bleue, le père et le fils comme Vitalis et Rémi dans " Sans famille " sillonnent les routes abruptes de l'Algérie profonde pour apporter de la chaleur aux petits cœurs blessés. Distraction, magie, les deux troubadours généreux sont tout comme Rémi confrontés à la dure réalité de certains individus incultes, aveuglés par leur ignorance ou par leur obscurantisme. Les deux artistes devront transcender l'amertume des écueils de l'existence pour poursuivre leur noble mission contre vents et marées. Vu à Alger Garagouz était visible le mois dernier à la filmathèque Zinet de Riad El Feth. Abdenour Zahzah avait alors confié lors de cette projection que " ce film est un hommage à ces gens qui n'ont pas abandonné leur métier malgré des pressions sociales, politiques ou autres en soulignant que "le sujet du film est la résistance par la culture, que ce soit l'écriture, le théâtre, le cinéma ou toute autre activité". Le court métrage réalisé avec le soutien du Fonds d'aide aux techniques et à l'industrie cinématographique (FDATIC) du ministère de la Culture et le concours de l'Institut culturel italien d'Alger, participera prochainement à Kiev au 40e Festival international du cinéma où il est nominé pour la meilleure mise en scène par l'Académie des arts de l'Europe. L'autre film algérien primé, coproduit par la télévision algérienne et "Machahou production", avec le soutien du ministère de la Culture, la " Place " de Dahmane Ouzid, a remporté le prix JAM de la meilleure musique dans la catégorie long métrage. Il est à souligner que les producteurs ont fait appel à de talentueux artistes algériens pour la BO du film, à l'instar d'Amine Hamerouche du groupe Aminos, de Youcef Boukella de l'Orchestre national de Barbès, de Salim Aïssa et de Cheikh Sidi Bémol. Début 2000, Abdenour Zahzah qui est originaire de Blida et qui n'était alors qu'un amateur dans le 7ème art avait signé un mémorable documentaire, " Franz Fanon, mémoire d'asile ", rendant ainsi hommage à l'un des psychiatres les plus engagés de son temps. Il faut s'attendre que Zahzah qui était un illustre inconnu il y a peu, est en train d'arpenter les podiums du 7ème art avec tous les honneurs. Comme Yasmine Chouikh, Mounes Khemar ou Yanis Koussim, ils seront montrés comme étant la nouvelle génération de l'image et du son. Comme quoi, même sans industrie du cinéma, la relève existe quand même.