Qui a dit que le public algérien a définitivement déserté les salles sombres ? Qui a pensé que le piratage et le Net allaient tuer le cinéma? Le contre-exemple est venu d'Oran. Depuis la projection de la comédie populaire, "Mascarade" de lyes Salem, Oursenis, la salle qui fait partie du répertoire de la cinémathèque ne désemplie pas. Les Oranais sont de plus en plus nombreux à se déplacer vers cet espace pour aller à la rencontre d'un film qui pourtant n'est pas aussi récent que ça, trois ans d'âge depuis sa sortie en 2007 ! "Les cinéphiles ont afflué pour voir ou revoir cette œuvre projetée plusieurs fois, l'après-midi ou en soirée, dans le cadre du programme spécial Ramadhan ", explique la direction de la salle. Projetée une première fois en 2008, cette œuvre "est toujours bien accueillie par les spectateurs de plus en plus friands du genre comique", a-t-on souligné. L'engouement du public prouverait que le fait d'aller dans une salle sombre est un comportement culturel qui n'a pas tout à fait disparu surtout lorsque dans ces espaces de belles affiches sont proposées. Çà prouverait aussi que les multimédias, sont ce qu'ils sont et que le cinéma en tant qu'art entier demeure indétrônable. Si le public a déserté nos salles celles-ci c'est parce qu'elles ont pratiquement toute disparus et que les films qu'ils soient algériens ou étrangers parviennent dans ces endroits absolument par compte-gouttes. On ne peut au jamais parler de cinéma dans une contrée où il existe une seule salle par exemple qui n'est alimentée que de façon épisodique. L'engouement pour "Mascarade" prouve que la fibre cinématographique des algériens est restée intacte. Un succès qui ne s'est jamais démenti Depuis sa sortie en 2007, l'unique film de Lyès Salem "Mascarade " n'a cessé de rafler des trophées dans les quatre coins du globe à la faveur de la majorité des festivals internationaux. Il y a trois ans sortait cette œuvre populaire réalisée, par un cinéaste algérien qui vit en France (Lyès Salem) dans le cadre d'Alger "Capitale de la Culture arabe " et deux ans durant, il pleuvait des distinctions sur elle. Techniquement bien fait, drôle, rigolo, "Mascarade " est politiquement très correct. Présenté entre le 16 et le 17 octobre 2009 (date anniversaire de la répression française contre des centaines d'algériens jetés à la Seine), dans le cadre du 14e Festival du film arabe (The Arabian Sights Film Festival), tenu du 09 au 18 octobre en collaboration avec l'Ambassade d'Algérie aux Etats-Unis. Le film a obtenu le prix ''The Arabian Sights Film Festival Audience Award'. Cette présentation a été suivie d'une réception offerte aux spectateurs. "Mascarade", qui a fait cette année le tour des Etats-Unis, a eu un grand succès auprès du public majoritairement américain. Le prix qu'il a remporter s'ajoute à celui du meilleur film qu'il avait obtenu au Festival International de Dubaï. Ainsi, " Mascarade " a glané des Trophées de façon si pathétique qu'on ne sait plus trop quoi penser des prix. Ayant déjà commencé par le circuit relativement malmené du court- métrage, Lyès Salem s'était quand même fait remarquer par plusieurs de ses courts dont "Cousines" qui avait été distingué là où il était présenté. Les professionnels avaient même prédit que ce jeune algérien qui vit en France, allait être une valeur sûre du septième art, d'autant que les territoires qu'il explore ne s'attaquent pas au registre du cinéma révolutionnaire ou encore celui du terrorisme, mais plutôt à celui fondamentalement humains. Lors des dernières journées du Cinéma de Carthage-2009, " Mascarade " était revenu avec deux trophées dont le Tanit d'or des Juniors et le Prix de la Première œuvre. "Le film a surpris plus d'un. Il a été le plus applaudi dans la salle, et les éloges ont rapidement gagné les rues de Tunis. Un régal. Une bouffée d'air extraordinaire. Pour un premier long-métrage, c'est carrément magistral. Désopilant, intègre et génial. Lyès Salem a convaincu tout le monde, grands et petits. " avait soutenu Yasmina Khadra, qui a présidé le jury de ce festival, en proposant ce film aux amis du CCA (Centre culturel algérien) à Paris. Mais encore, ce film qui crève l'écran comme l'a été " Rachida " de Mina Bachir Chouikh cinq ans plutôt, a été distingué par d'autres prix. Il s'agit du " Grand prix de la fiction " au festival des cinémas d'Afrique du pays d'Apt, (France), tenu du 6 au 11 novembre et du " Grand prix du public " au festival des films africains de Besançon, " Lumière d'Afrique ", organisé du 8 au 16 novembre. Ce long-métrage a également raflé le prix de la " Meilleure interprétation masculine " attribué à Lyès Salem, pour le rôle qu'il a incarné dans ce film et qui lui a été décerné au festival du film de la Réunion, tenu du 4 au 8 novembre 2008. Comme il avait raflé à Carthage, le prix sacré "Espoir féminin " pour Rym Takhouchet aux JCC (Journées cinématographiques de Carthage) pour son rôle d'épouse de Lyès Salem dans l'œuvre. Film aussi populaire que drôle, "Mascarade " raconte l'histoire d'un village paisible dont le quotidien est alimenté par la rumeur publique autour de la famille de Mounir Mekbel, personnage principal campé par Lyès Salem, plus particulièrement sa sœur Rym, dont on dit qu'elle finira vieille fille en raison d'une étrange pathologie du sommeil qui l'affecte. Excédé, son frère Mounir décide de réagir et annonce qu'il lui a trouvé un riche prétendant étranger, exacerbant davantage les spéculations des uns et des autres, mais aussi les envies et les appétits.