Phénoménal ! "Mascarades", le premier et seul long-métrage de Lyes Salem rafle un tas de prix sur son passage. Que ça soit ici ou ailleurs, ce film résolument populaire réalisé en partie avec l'argent de "Alger, capitale de la Culture arabe", se distingue là où il passe. La ministre de la Culture, Khalida Toumi, habituellement silencieuse sur les projets cinématographiques que son département finance à l'occasion de grands rendez-vous comme, "L'année de l'Algérie en France " encore plus récent, "Alger, capitale de la Culture arabe", a vite fait de reprendre à son compte le succès détonnant de "Mascarades". La ministre de la Culture s'est exprimée après une énième distinction de cette œuvre qui est venue cette fois-ci de l'Egypte, à l'occasion de la tenue du Festival international du cinéma du Caire où " Mascarades " a obtenu le grand prix de ce rendez-vous. Tout en présentant ses " félicitations " au réalisateur Lyes Salem, Khalida Toumi signale que "cette reconnaissance prouve, si besoin était, qu'à travers des jeunes talents comme vous, le cinéma algérien est bel et bien de retour ". Disons qu'il ne faut jamais confondre le cinéma qui est par excellence une industrie qui tourne à longueur d'année avec d'importantes productions comme c'est le cas pour Hollywood à Bombay ou Hollywood à Los Angeles, avec l'existence de quelques films qui se font au hasard des conjonctures. Ce qui est en revanche salutaire, c'est d'avoir fait confiance à un jeune comme Lyes Salem qui a exploré pour la première fois à travers ce film l'univers du long-métrage alors qu'avant que le cinéaste n'avait signé que ce que certains considèrent comme un sous genre, le court-métrage. Et encore, même dans ce domaine, Lyes Salem s'était fait remarquer en glanant là où il passait, des trophées pour notamment son succulent, "Cousines." Le phénomène " Mascarades " rappelle celui qui cinq ans auparavant avait suivi " Rachida " l'autre grande œuvre de Mina Bachir Chouikh qui a reçu une quarantaine de distinctions international. Des films se font chez nous au hasard de conjoncture, ce qui produit une instabilité criarde et une précarité chronique pour le secteur qui n'a pas son industrie propre, ni ses écoles, ni ses financements, ni son matériel, ni ses lois…..A travers le travail " politiquement correct " de Lyes Salem, Khalida Toumi récupère de façon symbolique son aide en annonçant que " le cinéma algérien est de retour." Pas encore, tant que nos salles ne sont pas récupérées, tant que les réseaux de distribution sont délétères, tant que les écoles de cinéma ne sont pas ouvertes, tant que les entreprises de production ne sont pas installées, tant que les sources de financement ne sont pas lancées, tant que des lois régissant le secteur ne sont pas claires….. " Cette nouvelle distinction, qui s'ajoute aux nombreuses autres déjà acquises dans différents festivals, montre parfaitement combien votre film a été apprécié à sa juste valeur tant par le public algérien que dans des manifestations cinématographiques continentales et internationales ", a écrit Mme Toumi ajoutant que "le réalisateur avait raison de dire lors de la proclamation des journées de Carthage, " Algeria is back " (L'Algérie est de retour). Mme Toumi a relevé que " la vitalité retrouvée du cinéma algérien au cours de ces dernières années, doit beaucoup aux jeunes cinéastes" tels que Lyes Salem. "La Culture algérienne en général et le cinéma en particulier s'honorent de compter dans leurs rangs des artistes algériens comme vous qui portent haut les couleurs nationales", a conclu la ministre. Qu'à cela ne tienne ! Osons juste espérer que nos responsables se mettent à faire confiance aux jeunes dans ce pays où comme a dit un auteur, " être jeune est péjoratif ".