Une conférence organisée dans le cadre de la deuxième édition du Festival international des arts de l'Ahaggar qu'accueille la wilaya de Tamanrasset depuis le 11 janvier, s'est penchée, mercredi, sur les ressources génétiques de l'Ahaggar. Participant à cette manifestation Aissa Abdelguerfi, chercheur à l'Institut national de recherche agronomique d'Algérie (INRAA) a estimé dans ce cadre que "les ressources génétiques de l'Ahaggar sont pillées par des étrangers parce qu'il n'y a pas de loi qui incrimine ces pratiques. L'expert a dénoncé la présence de camions-laboratoires qui "ramassent à tour de bras" des espèces endémiques dans l'Ahaggar et ailleurs, sans qu'il y ait une législation pour les arrêter. Le patrimoine génétique d'une région donnée, englobe les espèces végétales et animales ainsi que les micro-organismes existant sur ce territoire. L'Ahaggar "est un des milieux les plus importants au monde en matière de biodiversité spécifique aux écosystèmes des zones arides, avec des espèces dôtées d'un grande adaptation aux conditions extrêmes de sécheresse, d'aridité et de hautes températures", a explique M. Abdelguerfi. Les espèces vivant dans ces conditions environemmentales détiennent des gènes de résistance très recherchés compte tenu des possibilités actuelles de leur manipulation (transformation génétique), surtout avec l'avènement des changements climatiques. L'Algérie a pourtant ratifié en 1995 la convention de Rio sur la diversité biologique (1992), qui consacre la souveraineté nationale sur les ressources génétiques. "Sans une législation locale, la ratification de cette convention ne sert à rien", a asséné le chercheur tout en estimant "très urgent" l'adoption d'une loi "nationale" en mesure de préserver le patrimoine génétique algérien, "avant qu'il ne soit trop tard", a-t-il mis en garde. Non protégées par une loi nationale, ces espèces font l'objet de convoitises des multinationales qui s'en emparent, par des brevets exclusifs d'exploitation, au détriment même du pays d'origine, a prévenu cet expert. Au même titre que le pillage qui menace les ressources génétiques en Algérie, leur non identification, la non reconnaissance voire "le mépris" affiché pour ce patrimoine représentent autant de dangers pour sa pérennité, a-t-il encore prévenu . "Nous délaissons tout ce qui est traditionnel dans une tentative désespérée de s'aligner sur les standards de la modernité : le résultat est que nous perdons notre patrimoine sans réussir à copier les autres", a-t-il déploré. En l'absence d'un inventaire des différentes espèces de l'Ahaggar, les ressources existantes ainsi que le volume des pertes demeurent ignorés.