Le rapport sur la situation et perspectives de l'économie mondiale 2011 (WESP-2011) sera lancé mardi prochain au siège de la Commission économique de l'ONU pour l'Afrique (CEA) à Addis-Abeba. Elaboré conjointement par le Département des affaires économiques et sociales (DAES) de l'ONU, la CNUCED et les commissions régionales de l'ONU, le rapport estime que la reprise de l'économie mondiale a commencé de s'essouffler pendant l'été 2010, des mesures budgétaires et monétaires énergiques et coordonnées seront nécessaires pour lui donner une nouvelle vigueur et stimuler l'emploi partout dans le monde, et plaide ainsi pour une coordination internationale des politiques pour assurer le succès de la reprise. Le rapport souligne également que les perspectives demeurent "incertaines" et "assombries" par d'importants risques. La croissance mondiale, de 3,1 % en 2011 et 3,5 % en 2012, selon les projections, ne suffira pas à recréer les plus de 30 millions d'emplois perdus lors de la crise. Selon un scénario pessimiste d'ajustement budgétaire et de volatilité prolongée des taux de change, l'Europe, dont la reprise devrait être très lente d'après les projections, pourrait être confrontée à une récession à double creux. Des scénarios semblables de stagnation ou de rechute pourraient menacer le Japon et les Etats-Unis, précisent les auteurs du document. Le rapport analyse en détail les perspectives de reprise pour les différentes régions du monde et indique cinq grandes conditions pour une reprise mondiale durable. Il s'agit d'engager des programmes de relance budgétaire supplémentaires, en exploitant la vaste marge d'action budgétaire encore disponible dans de nombreux pays, et de réorienter plus vigoureusement les politiques de relance budgétaire et autres politiques économiques dans le sens de mesures favorisant directement la croissance de l'emploi, la réduction des inégalités de revenus et le renforcement de capacités de production durables. De même, il est impératif, selon le rapport, de dégager de plus grandes synergies entre relance budgétaire et stimulation monétaire, de veiller à ce que les pays en développement, dont la marge d'action budgétaire est limitée et les besoins en matière de développement sont considérables, aient accès à un financement suffisant et stable et de travailler à une coordination sérieuse et efficace des politiques des principales économies. Le rapport sur les perspectives économiques mondiales 2011 de la Banque Mondiale pose un diagnostic à la fois rassurant et encourageant sur l'économie mondiale. "Après le rebond opéré à la fin de la crise, l'économie mondiale entre dans une nouvelle phase caractérisée par une croissance plus lente, bien que toujours solide, cette année et l'année prochaine", estime la Banque Mondiale. L'économie mondiale croîtrait de 4,1% en 2011 et 4,4% en 2012, selon les prévisions - calculées en parité des pouvoir d'achats donc comparable avec celles du FMI ou de Goldman Sachs - de la Banque Mondiale. Les pays en développement continueraient d'afficher une croissance nettement supérieure à celles des pays développés puisqu'ils contribueraient pour près de moitié à la croissance mondiale. Les pays en développement devraient afficher des taux de croissance de 7% en 2010, 6% en 2011 et 6,1% en 2012. Les pays à revenu élevé afficheraient une croissance de 2,4% pour 2011 et de 2,7% pour 2012. Dans la plupart des pays en développement, le PIB a retrouvé le niveau auquel il aurait été si l'économie mondiale n'était pas passée par une profonde récession suivie d'un vif rebond. En d'autres termes, les pays en développement ont retrouvé leur croissance de croisière après avoir rattrapé le retard provoqué par la récession. Les pays développés en revanche n'ont toujours pas rattrapé leur retard. La production industrielle dans les économies à revenu élevé est toujours inférieure de 10% au niveau prévalant avant la crise. "La forte expansion de la demande intérieure dans les pays en développement tire l'économie mondiale ; toutefois les difficultés qui persistent dans le secteur financier de certains pays à revenu élevé continuent de menacer la croissance et nécessitent l'adoption immédiate de mesures gouvernementales", explique Justin Yifu Lin, économiste en chef de la Banque mondiale et premier vice-président (Economie du développement). Les investissements étrangers directs dans les pays en développement ont progressé de 16% en 2010, pour s'établir à 410 milliards de dollars après avoir chuté de 40% en 2009. Cette reprise est due en grande partie à l'augmentation des investissements Sud-Sud, en particulier en provenance d'Asie.