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Où en sommes-nous ?
Bonne gouvernance
Publié dans Le Maghreb le 30 - 01 - 2011

A l'ombre des derniers événements qui ont secoué nombre de pays arabes, la question de la bonne gouvernance revient avec beaucoup de consistance, et alimente, comme jamais auparavant, les chroniques. Loin d'être une préoccupation récente, la bonne gouvernance est un problème ancien et important, puisque toutes les sociétés ont dû et doivent trouver une organisation qui assure leur reproduction. "Il faut reconnaître que sauf pour ceux qui s'alimentent de discours démagogiques en contradiction avec la réalité, qu'existe actuellement une unanimité tant des experts nationaux qu'internationaux sur le résultat très mitigé des pays arabes dans l'avancement de la bonne gouvernance et donc de la réforme de l'Etat incluant le volet de la justice, de l'éducation et de l'économie pour une insertion harmonieuse dans l'économie mondiale et une lutte efficace contre le chômage et la pauvreté au sein d'un monde interdépendant en perpétuel mouvement, en fait de la panne de la réforme globale qui conditionne tout le processus de développement à terme", ont écrit les professeurs Abderrahmane Mebtoul, économiste, et Mohammed Tayebi, sociologue, qui se sont posés la question sur l'état de la bonne gouvernasse en Algérie. "… Les fruits et les paradoxes de son développement (l'Algérie), sa crise et sa fitna, n'ont pas occulté la question de la légitimité du pouvoir et la problématique de la gouvernance. Les différents discours de tous les présidents qui se sont succédé depuis l'indépendance politique n'ont-ils pas été axés sur la bonne gouvernance, mais hélas qui n'a pas été suivie dans la pratique", écriront encore les deux professeurs. Ils mettront en avant, pour le tableau qu'ils peindront, les scandales financiers, les procès tapageux mais sans avenir, la méfiance de toute une population du fait de la neutralisation des rapports de force au niveau du pouvoir, expliquant, en partie, la démobilisation et la méfiance de toute une population. "C'est que le pilotage improvisé de la société, le détournement de l'Etat par les dépositaires des idéologies peu enracinées dans les consciences ont réduit la fonction sociale de l'autorité et remis sur le tapis une nouvelle fois les fondements de l'Etat tranchés avec un génie remarquable par le document historique, l'appel du Premier novembre qui élabore l'architecture d'un Etat démocratique et social", peut-on aussi lire.
Cette mauvaise gouvernance qui est conjuguée, selon les spécialistes, avec une conjoncture compliquée dans les relations internationales a mené vers l'échec et la fitna. Si le retour à la paix, à la stabilité et à la sécurité constitue la condition sine qua non du développement et de la prospérité, la démocratisation de la vie politique et la restauration de la crédibilité des institutions de l'Etat ne représentent pas moins une condition tout aussi fondamentale, appuient-ils encore.
La bonne gouvernance, rajoutent-ils, concerne l'ensemble des outils et des méthodes de gestion des affaires de la cité et embrasse la totalité des actions politiques - celles des hommes comme celles des institutions qu'ils dirigent - qui ont pour vocation de servir la collectivité. La bonne gouvernance qui est tout à fait mesurable est aujourd'hui l'objet d'une attention particulière à la fois des institutions internationales, des grandes nations et d'ONG internationales spécialisées et surtout ne laisse plus insensibles les investisseurs potentiels c'est-à-dire des investissements porteurs à moyen et long termes seules conditions de lutter contre le chômage et la pauvreté afin d'avoir une croissance durable hors hydrocarbures et éviter que l'Algérie ne soit qu'une pure plate-forme commerciale afin de drainer les réserves de devises via la rente. S'agissant de l'Algérie, écriront encore les professeurs, les résultats qu'elle réalise malgré des dépenses monétaires sans précédent, et ce grâce aux hydrocarbures et non au génie créateur qui vont à l'épuisement, semblent mitigés. La corruption dans les administrations et le système judiciaire semble constituer une entrave aux affaires en Algérie. La mauvaise position de l'Algérie est liée au détournement de deniers publics, du trafic d'influence et de la corruption dans les marchés publics. Cela ne fait que corroborer le manque de cohérence et visibilité dans la démarche de la réforme globale en panne et la socialisation de la corruption. C'est la constat des plus amers que les professeurs Abderrahmane Mebtoul, économiste et Mohammed Tayebi, sociologue font de l'état de gouvernance en Algérie. beaucoup reste, paraît-il, à faire.


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