Le secteur des textiles qui tente de renaître de ses cendres après deux décennies de disette fait face à la concurrence féroce de l'importation. S'imposer aujourd'hui sur un marché inondé par des produits importés n'est pas chose aisée tant les difficultés des entreprises algériennes sont à la fois multiples et complexes. Pour le secrétaire général de la fédération du textile affiliée à l'UGTA, les importations représentent quelques "2 milliards de dollars annuellement, un manque à gagner pour nos entreprises". Plus grave encore a expliqué, hier sur les ondes de la Chaîne III, Amar Takjout, la part de marché de ces entreprises s'est rétrécie considérablement pour ne représenter aujourd'hui que "10% alors que le reste est assuré par les importations". Le SG de la fédération du textile pointe du doigt les importateurs et la politique économique menée jusque là, faite d'ouverture tout azimut qui a porté préjudice au secteur dont les "effectifs sont revus à la baisse, conséquence directe de la fermeture des unités". Le nombre de travailleurs est aujourd'hui de "15000" et Amar Takjout regrette que rien ne soit fait pour créer de nouveaux postes d'emplois. Pourtant, poursuit-il, si des marchés comme celui de l'Enseignement supérieur qui compte "400 000 lits ou encore celui de l'éducation avec ses 8 millions d'élèves donc 8 millions de tabliers à fabriquer sont donnés aux entreprise algériennes, le nombre de travailleurs doublera inéluctablement". Mais, déplore Amar Takjout, la "demande de ces deux secteurs est satisfaite par l'importation". La solution, préconise-t-il, est d'aller vers le marché local et tenter de s'imposer. Un travail de longue haleine qui nécessite des qualifications et justement le secteur du textile en souffre énormément. A titre d'exemple, il citera le déficit en ingénieurs faisant remarquer que l'institut de Boumerdès n'a pas formé d'ingénieurs depuis 20 ans. Ajouter à cela le départ en retraite des cadres et des travailleurs ayant acquis une certaine expérience qu'il est encore difficile aujourd'hui de remplacer. L'état des lieux dressé par le SG de la fédération du textile n'est plus reluisant, et le redéploiement demande du temps et surtout une réorganisation, cela quand on sait que les réseaux de distribution sont également "fermés". "Il faut organiser le circuit de distribution et de commercialisation en ouvrant des magasins témoins à travers le pays pour promouvoir le produit local" a-t-il dit. La récupération des 4 tanneries au niveau national reste insuffisante si en parallèle on ne règle pas le problème de la collecte. Pour cela, a-t-il affirmé, il faut "créer de petites entreprises spécialisées dans la collecte de la peau". Les efforts consentis par les pouvoirs publics via notamment l'annonce d'un plan pour le secteur sont jugés "importants mais pas du tout divulgués sur les contours et les démarches à suivre", a-t-il déclaré. Amar Takjout appelle ainsi à l'organisation des assises nationales du secteur du textile où des spécialistes seront associés pour exposer les problèmes et proposer les solutions.