Le département de Benmeradi a lancé les grandes manœuvres. C'est à coups de milliards de dinars qu'il compte réhabiliter l'outil de production public. L'objectif étant de porter la contribution de l'Industrie au PIB de 5 % actuellement à 10 % à l'horizon 2014. Pour cela, le ministère de l'industrie, de la PME et de la Promotion de investissements lance un plan de sauvetage financé par le Trésor public à hauteur de 600 milliards de dinars et articulé autour de trois axes essentiels : assainir des dettes, renflouer les caisses des EPE afin de leur assurer des fonds de roulement et enfin garantir des plans de charge. C'est dans ce sens justement que la filière industrie manufacturière bénéficiera d'un plan de sauvetage de 8,2 milliards de dinars. Il s'agit de réhabiliter des filières moribondes et complètement destructurées à l'image de la filière textile. Deux grands groupes industriels publics constituent l'essentiel de cette filière. Avec ses 2397 agents, le groupe C et H (confection et habillement) est représenté par 15 entreprises de production avec un chiffre d'affaires annuel de 3,3 milliards de dinars. Le groupe Texmaco (tissus) est composé, quant à lui, de 23 entreprises spécialisées dans le finissage, le tissage ainsi que la filature. Il compte 8962 agents pour un chiffre d'affaires annuel de 10 milliards de dinars. Néanmoins, il ne suffit pas de dégager des budgets afin de voir ses objectifs réalisés, au risque de tomber dans l'inefficacité des plans d'assainissement passés. C'est du moins l'avis d'Ammar Takdjoute, secrétaire général de la Fédération nationale des travailleurs du textile et cuir. Intervenant, hier, sur les ondes de la chaîne III de la Radio nationale, le syndicaliste mettra en avant l'importance de la contribution de la ressource humaine. Il a considéré que la tutelle péche, encore une fois, par sa frilosité à communiquer sur le sujet, estimant que le département de Benmeradi n'a pas clarifié les grands axes de se plan Marshall destiné à sauver la filière textile. Ce qui est une erreur selon lui, car la réussite d'un tel plan nécessite l'adhésion de tous, du manager au simple travailleur, en passant par les syndicalistes et ce, afin d'atteindre des objectifs de performance. Objectif qui nécessite également des qualifications dans le secteur. Dans ce contexte, M. Takdjout regrettera le fait qu'on se soit vite défait des ingénieurs qualifiés dans le textile et qu'on ait précipité leur mise à la retraite sans pour autant avoir assuré la relève. Il préconisera la récupération des seniors afin de remédier à ce problème de qualification. Le SG de la FNTTC mettra aussi, la déstructuration et la désorganisation de la filière en amont et en aval. Déstructuration qui permis, selon lui, d'ouvrir grande les portes du marché aux produits importés notamment de Chine. Chiffre à l'appui, il a estimé que les entreprises algériennes ne participent qu'à hauteur de 7 % à un marché évalué à 2 milliards de dollars. Il préconise de commencer par appliquer le principe de préférence nationale dans le segment textile et cuir dans le cadre des marchés publics. Le responsable syndical a également mis le doigt sur la nécessité de restructurer la filière en amont à travers la prise en charge des dossiers de la culture du coton et celui de la fibre synthétique, mais aussi en aval en réhabilitant les circuits de distribution et la création de magasins témoins, seuls garants de prise de nouvelles parts sur le marché domestique. Cela permettra aussi, selon lui, de booster la créativité dans la confection ainsi que le marketing du made en Algeria. Il n'y a que de cette façon que l'on pourra, selon lui, barrer la route aux produits importés d'Asie et dont la qualité et l'origine restent douteuses ainsi qu'aux franchisés qui travaillent eux sur le destockage.