Moody's a annoncé lundi avoir baissé d'un cran la note souveraine de l'Egypte et l'avoir assortie d'une perspective négative, après les manifestations demandant le départ du chef de l'Etat. La note est ramenée à Ba2, notamment en raison d'une hausse importante du risque politique, précise Moody's, qui notait auparavant l'Egypte Ba1 avec une perspective stable. La perspective négative signifie que l'agence de notation pourrait encore baisser cette note à un horizon de 18 mois. Des milliers de personnes ont une nouvelle fois bravé le couvre-feu dimanche pour réclamer le départ du président Hosni Moubarak, au pouvoir depuis 30 ans. Dans son communiqué, Moody's souligne le niveau élevé aussi bien du chômage que de l'inflation ainsi que la grande pauvreté qui règne dans le pays. Ces faits, soulignent l'agence, conjugués à un désir de changement politique, ont nourri un sentiment de frustration au sein de la population. Pour répondre à ce mécontentement, il y a une forte probabilité de relâchement de la politique budgétaire, souligne Moody's pour expliquer l'abaissement de sa note. Selon Moody's, le déficit budgétaire représente 8% du produit intérieur brut, alors que le déficit médian des pays notés en catégorie Ba est de 4%.Le tourisme, l'une des principales ressources économiques de l'Egypte devrait sérieusement pâtir des effets des manifestations d'une ampleur inédite, qui ont débuté mardi dernier dans les trois grandes villes du pays pour demander le départ du président Hosni Moubarak, estiment lundi des observateurs. L'annulation des vols internationaux sur les lignes aériennes égyptiennes ne devrait pas être sans effet sur l'industrie du tourisme local, alors que plusieurs pays ont averti leurs ressortissants sur les dangers de déplacements vers cette destination. La persistance des troubles dans plusieurs villes du pays a un effet direct sur le moral des touristes et les programmes des tours opérateurs, l'Egypte étant classée parmi les destinations les plus prisées. Les pertes financières pour le pays devraient se chiffrer en millions de dollars, après une année faste en termes de recettes réalisées par le tourisme local.La plupart des voyagistes étrangers, belges, suédois ou encore américains ont dès vendredi décidé de suspendre les départs, notamment à destination du Caire où l'aéroport semble dépassé par l'affluence des touristes sur le départ. Le tourisme a permis d'engranger durant l'année écoulée des recettes records grâce l'afflux de plus de 14,7 millions de touristes, en hausse de 17,5% par rapport à 2009, selon des sources égyptiennes. Ce chiffre est réparti entre les touristes en provenance de Russie avec 2,8 millions de visiteurs (+40,3%), suivi par le Royaume-Uni avec plus de 1,4 million de visiteurs (+8,1%), l'Allemagne avec plus de 1,3 million de touristes (+10,5%), et l'Italie avec plus de 1,1 million de vacanciers (+9,2%). L'Europe avec près de 11 millions de visiteurs reste inévitablement le marché de prédilection de l'Egypte, selon des tours opérateurs. En 2010, la fréquentation touristique en Egypte dépasse celle de 2008, année de tous les records avec près de 13 millions de visiteurs. En 2009, l'Egypte a accueilli quelque 12,5 millions de touristes, générant 10,8 milliards de dollars de revenus (environ 8 milliards d'euros). Alors que le passage du canal de Suez rapporte chaque année près de 5 milliards de dollars, selon le FMI, soit plus de 2% du PIB, le tourisme pèse pour plus de 11% du PIB et dont le chiffre demeure supérieur aux transferts d'argent des émigrés égyptiens à l'étranger. Il constitue également un puissant gisement d'emplois dans un pays où le taux de chômage des jeunes avoisine les 35%. Un rapport de la Banque centrale égyptienne, 7é puissance économique d'Afrique en 2007, avait révélé en juin dernier que les IDE avaient baissé de 34,8% durant le premier semestre de 2009, s'élevant à 2,6 milliards de dollars contre 4 milliards de dollars durant la même période en 2010. Après la récession économique mondiale de 2008, le secteur du tourisme a enregistré des pertes estimées à 1,2 milliard de livres égyptiennes, soit 240 millions de dollars. Toutefois, tel un ''Phénix'', le tourisme égyptien pourrait revenir après la tempête, car il a déjà survécu aux attentats de Louxor en 1997 et ceux des stations balnéaires du Sinaï, entre 2004 et 2006, ainsi qu'à la crise économique de 2008.