Après le Portugal, c'est désormais au tour de l'Irlande de subir une dégradation de la note de sa dette publique, de Aa1 à Aa2. La perspective de l'agence de notation est désormais "stable". Moody's a encore frappé. Cette fois, l'agence de notation a dégradé la note de crédit attribuée à la dette publique de l'Irlande de deux crans, de Aa1 à Aa2. L'agence affiche désormais des perspectives stables, alors qu'elles étaient négatives auparavant. Les analystes de Moody's expliquent cette dégradation par trois facteurs. Ils invoquent "la perte graduelle et significative de la force financière du gouvernement irlandais illustrée par la hausse des déficits publics et l'affaiblissement de la capacité de remboursement du pays". Des perspectives de croissance affaiblies justifient également le geste de l'agence. L'agence estime que le poids de la dette par rapport au produit intérieur brut (PIB) devrait se stabiliser autour de 95% à 100% d'ici deux à trois ans. Enfin, les doutes sur la solidité du système bancaire, suite aux nombreuses recapitalisations d'établissements, ont également influencé Moody's. L'agence a ainsi a évoqué l'important passif lié à la mise en place de la NAMA (Agence nationale de gestion d'actifs), une banque de défaisante (ou "banque pourrie") publique, qui doit racheter aux banques irlandaises des dizaines de milliards d'euros de prêts risqués qu'elles avaient accumulés avant la crise du crédit. En 2009, le déficit budgétaire de l'Irlande, à 14,3% du PIB, était le plus élevé de la zone euro, supérieur même à celui de la Grèce, frappée par une grave crise de la dette. La dette publique irlandaise s'est envolée, passant de 25% du PIB fin 2007 à 65% fin 2009. L'agence Moody's a procédé récemment à plusieurs autres abaissements de notes sur les dettes publiques. L'Irlande s'attend en effet à ce que sa croissance économique reste inférieure à sa tendance de long terme au cours des 3 à 5 prochaines années en raison notamment de la crise traversée par les secteurs bancaire et immobilier et de la baisse des crédits au secteur privé. Il est à rappeler que la NAMA a racheté pour 90 milliards d'euros d'actifs toxiques à Anglo Irish Bank (12,7 milliards d'euros de pertes en 2009), Bank of Ireland, Allied Irish Banks. Mais ces renflouages à répétition (aux frais du contribuable) sont encore loin de suffire. D'après les pertes déjà connues, les trois principales banques en faillite devront encore lever entre 40 et 45 milliards d'euros sur les marchés financiers pour se remettre à flot. Face aux besoins gargantuesques de refinancement des Etats à un horizon de cinq et plus probablement dix ans -- sans parler de la faillite d'entités économique comme la Californie ou le Nevada certains investisseurs désertent le secteur obligataire vu que l'offre d'argent étant si mal rémunérée. Ils se reportent sur des actifs tangibles tels que le pétrole (+1,8% à 84,8 $ le baril), le palladium, le nickel (+35% depuis le début de l'année) ou le cuivre (+3,5% mercredi sur le CBOT). La note souveraine du Portugal a ainsi été dégradée à A1 contre AA2 la semaine dernière, en raison de perspectives de croissance toujours relativement faibles et d'une détérioration de la situation financière. Suite à ces dégradations en cascade, les investisseurs pourraient se montrer moins attentifs aux décisions des agences. R.I