L'agence de notation Moody's a prévenu mercredi qu'elle risquait de dégrader la note de la dette souveraine de l'Espagne, car le pays pourrait faire face à une restriction du crédit l'an prochain si la recapitalisation des banques en difficultés se révèle plus coûteuse que prévu pour les finances publiques. L'agence, qui avait abaissé la note de l'Espagne de Aaa à Aa1 en septembre, a fait savoir qu'elle réévaluerait à nouveau la note en raison de besoins de financement élevés en 2011. Moody's ne pense pas pour autant que Madrid ait besoin d'un plan de sauvetage comme la Grèce ou l'Irlande. Dans son communiqué, le service des investisseurs de l'agence souligne qu'il ne "croit pas que la solvabilité de l'Espagne soit menacée" et ne s'attend pas à voir le gouvernement solliciter l'aide de l'Union européenne. Ces dernières semaines, les taux des obligations espagnoles ont grimpé, en pleines turbulences sur le marché de la dette européen. Les investisseurs craignent que des pays comme le Portugal et l'Espagne, confrontés à de lourds déficits, ne doivent demander à leur tour une aide d'urgence. L'annonce de Moody's a fait chuter la bourse de Madrid de près de 2% dans la matinée. La pression s'est aussi accrue sur les obligations espagnoles à 10 ans, dont le taux est monté à 5,6%, soit un écart de 2,6 points avec celui des obligations allemandes qui sert de référence. L'Espagne "espère donner des arguments suffisants" à l'agence de notation Moody's pour la faire changer d'avis sur son intention de baisser sa note, et veut le faire "avant trois mois", la période d'examen de l'agence, a déclaré mercredi la ministre de l'Economie Elena Salgado. Sur fond de crise de la dette irlandaise, les marchés ont fortement mis en doute ces dernières semaines la solidité financière de l'Espagne et les coûts de refinancement du pays se sont envolés. Cette annonce, "ne met pas en doute la solvabilité de l'économie ni la dette" du pays, a souligné Mme Salgado devant la presse après une intervention au Parlement. "De toute façon, (le rapport de Moody's) met beaucoup l'accent sur le fait que la dette espagnole restera toujours en catégorie Aa, ce qui la classe comme dette refuge", a-t-elle insisté. "Nous sommes certains que l'Espagne va atteindre un rythme de croissance pérenne", affirme de son côté M. Campa, secrétaire d'Etat à l'Economie, dans les colonnes du quotidien économique allemand Handelsblatt. "Notre politique de consolidation et de réformes structurelles y contribue". "J'espère qu'avant trois mois nous pourrons donner des arguments suffisants pour que cette perspective négative se transforme en positive", a-t-elle dit. L'annonce de Moody's continuait de faire plonger la bourse de Madrid en milieu de journée, l'indice Ibex-35 perdant 1,98% à 12H08 (11H08 GMT). L'agence de notation s'est dite préoccupée par les "besoins élevés de refinancement en 2011", évalués à 170 milliards d'euros pour le gouvernement central, 30 milliards pour les régions et 90 milliards pour les banques. Les banques sont au centre des inquiétudes de Moody's, qui craint "une hausse du ratio de dette publique si le coût de la recapitalisation des banques devait être plus élevé que prévu". Elle envisage donc d'abaisser la note "Aa1" de la dette du Frob, le fonds gouvernemental de soutien aux banques. Elle "réévaluera ses notes sur les banques espagnoles dans les prochains jours", annonce-t-elle.