Les prix alimentaires mondiaux devraient être restés en janvier poches du record atteint en décembre, mois durant lequel ils avaient dépassé les pics à l'origine des émeutes de la faim dans plusieurs pays en 2008, a déclaré lundi un économiste de l'Organisation des Nations unies pour l'agriculture et l'alimentation (FAO). "La FAO s'attend à ce que l'indice de janvier soit très proche ou légèrement en dessous de celui de décembre", a déclaré Abdolreza Abbassian, économiste à la FAO. L'indice des prix alimentaires de la FAO, qui référence un panier de denrées comprenant notamment des céréales, des oléagineux, des produits laitiers, de la viande et du sucre, a atteint le record historique de 214,7 points en décembre. Son précédent record remontait à juin 2008 pendant la crise alimentaire. Le niveau élevé des prix alimentaires est revenu sur le devant de la scène après les émeutes en Tunisie qui ont conduit à la chute du président Ben Ali ce mois-ci et qui se sont ensuite propagées à l'Egypte. Selon les estimations préliminaires, les prix du sucre, de certaines céréales et oléagineux en janvier ont été légèrement inférieurs aux niveaux constatés en décembre, a précisé Abdolreza Abbassian, joint par téléphone. Il a indiqué que la FAO utilisait les prix spots et physiques pour calculer l'indice et non les cours à terme qui ont monté en janvier. La FAO, qui doit publier son indice jeudi, va revoir la totalité des données de cet indice en remontant jusqu'en 1990 en raison d'un changement dans le calcul de sa composante viande, mais décembre 2010 et juin 2008 resteront comme deux pics importants, a précisé l'économiste. L'expérience de la crise alimentaire de 2007-2008 montre que, dans certains cas, les décisions prises hâtivement par les gouvernements pour atténuer son impact ont en réalité attisé ou contribué à attiser la crise, et aggravé ses effets sur l'insécurité alimentaire. Les restrictions à l'exportation, par exemple, appliquées par certains pays producteurs d'excédents vivriers, ont exacerbé la situation du marché alimentaire mondial durant la crise de 2007/ 2008. La FAO déconseille donc vivement l'adoption de ces mesures qui exacerbent souvent le climat d'incertitude et les perturbations sur les marchés mondiaux et font grimper les prix davantage, tout en provoquant une chute des prix intérieurs, ce qui restreint les incitations à produire davantage de nourriture. L'Indice FAO des prix des produits alimentaires, qui suit l'évolution des produits de base au niveau international, a atteint un sommet en décembre 2010. Avec ce nouveau choc des prix deux ans seulement après la crise, l'organisation onusienne nourrit de sérieuses inquiétudes sur les conséquences pour les marchés vivriers dans les pays vulnérables. Les pays à faible revenu et à déficit vivrier ont été durement frappés par la flambée des prix alimentaires ces dernières années. Lorsque les prix augmentent, nombre de ces pays doivent honorer des factures d'importations vivrières plus élevées. La quasi-totalité des pays africains sont des importateurs nets de céréales. Les populations les plus touchées par l'envolée des prix sont des acheteurs nets de nourriture tels que les citadins et les petits agriculteurs, pêcheurs, forestiers, éleveurs et ouvriers agricoles qui ne produisent pas suffisamment pour couvrir leurs besoins. Les plus pauvres d'entre eux consacrent plus de 70 à 75% de leurs revenus aux achats de nourriture. Les exportateurs vivriers nets devraient tirer profit de la hausse des prix alimentaires et pourraient enregistrer une amélioration de leurs termes de l'échange et de leurs recettes. Toutefois, l'expérience de la crise alimentaire de 2007/2008 a montré que toute une série de contraintes liées à l'offre ont limité la réponse aux prix élevés dans la plupart des pays en développement. Le guide de la FAO souligne qu'il n'existe pas de solution universelle pouvant être appliquée dans tous les pays avec la même probabilité de succès. L'association de mesures gouvernementales et programmatiques doit être adaptée spécifiquement aux conditions locales et convenue par les principales parties prenantes de chaque pays. Quoi qu'il en soit, le rapport souligne qu'il faut veiller à ne pas adopter de mesures susceptibles de porter préjudice au marché existant. Au contraire, il faut s'efforcer d'obtenir la pleine coopération des opérateurs du marché pour affronter la situation. À moyen et plus long termes, seul l'investissement dans le secteur agricole des pays en développement se traduira par des augmentations durables de la productivité, des marchés sains, une résilience accrue face aux pics des cours internationaux et une meilleure sécurité alimentaire.