Du blé au sucre, les prix des produits alimentaires prennent de l'envol et atteignent des sommets vertigineux. Leurs cours sur les marchés internationaux ont atteint en décembre leur plus haut niveau depuis juin 2008, d'après des chiffres publiés ce mercredi par l'Organisation des Nations unies pour l'agriculture et l'alimentation (FAO). Cette hausse des prix s'explique d'abord par les conditions climatiques mauvaises, enregistrées l'année dernière. La sécheresse de l'été dernier en Russie et en Ukraine, principaux exportateurs de blé dans le monde, a mis à mal les récoltes. L'offre est donc moins importante que la demande: cela crée une tension sur les prix d'autant plus forte que les pays vivent sur leurs stocks en période hivernale», explique un conseiller économiste. Les perturbations météorologiques pourraient continuer cette année 2011 : «les prix peuvent encore beaucoup augmenter pour plusieurs raisons: si le temps sec en Argentine se transforme en sécheresse comme cela semble être le cas et si nous commençons à rencontrer des problèmes avec les dégâts hivernaux pour la récolte du blé dans l'hémisphère Nord», a expliqué Abdolreza Abbassian, économiste à la FAO. Cependant les mauvaises conditions climatiques n'expliquent pas à elles seules l'explosion des prix. Il s'agit surtout de la spéculation en perpétuel essor sur les matières premières. Le riz, l'orge ou le sucre «sont devenus des actions comme les autres. Comme la Bourse se porte mal et les taux intérêts sont très bas, les investisseurs préfèrent miser sur les matières agricoles. Sans compter les mauvaises récoltes, leur prix a déjà tendance à augmenter naturellement depuis quelques années avec la hausse de la population mondiale et de la consommation de viande», précise-t-on. L'indice mensuel de la FAO, qui mesure les variations de prix d'un panier de produits incluant céréales, oléagineux, produits laitiers, viande et sucre, a dépassé en décembre dernier son niveau de juin 2008. Ce printemps là, des émeutes de la faim avaient éclaté un peu partout dans le monde. Ce niveau, alimenté par la hausse des prix du sucre et la pression sur les céréales et les oléagineux, dépasse le record de 213,5 points atteint en juin 2008, qui avait provoqué des émeutes, dites de «la faim», dans plusieurs pays.