Le cinéaste Ahmed Rachedi qui a défendu la nouvelle loi sur le cinéma dans laquelle il est prévu selon l'article 19 de soumettre tout projet sur la Révolution au Conseil des ministres, dénonce "l'inertie " dont le ministère des Moudjahidine accable son scénario de " Krim Belkacem ". Selon lui, le projet de film "Krim Belkacem-Darguaz", du nom d'une des plus grandes figures de la guerre de libération, est "en attente depuis deux ans et demi" d'une réponse du ministère des Moudjahidine. S'exprimant sur la nouvelle loi votée par les deux chambres du parlement, Ahmed Rachedi qui disait que ces nouvelles dispositions étaient une " avancée " dit attendre depuis " depuis deux ans et demi une réponse (validation ou refus) qui ne vient pas". Pour lui, ce long silence du ministère des Moudjahidine relève d'une "espèce d'inertie qui ne dit pas son nom", plus qu'elle ne renvoie à un refus clair du scénario. Avec cette nouvelle loi sur le cinéma, la validation ou pas du scénario de Ahmed Rachedi sera automatiquement soumise aux jugements du Conseil des ministres, car selon Khalida Toumi qui a défendu la nouvelle mouture sur le 7ème art, a dit clairement que l'Etat ne peut pas soutenir un film révolutionnaire qui s'attaque aux valeurs intrinsèques de l'Histoire de l'Algérie. Il faut ainsi rappeler que dans l'article 19 de cette même loi, un projet de film révolutionnaire reçoit s'il est validé par le Conseil des ministres, automatiquement une aide importante de l'Etat qui viendrait, selon toujours cette loi, du retrait non pas de 1 mais de 5% des recettes publicitaires. Ahmed Rachedi qui a signé il y a à peine trois ans son long métrage sur le portrait du héros de la révolution, " Benboulaid ", qui fut une commande du président Abdelaziz Bouteflika, a au moment où il tournait déposé un autre scénario, celui de Krim Belkacem au ministère de la Culture. Celui-ci selon le réalisateur, l'a transféré au ministère des Moudjahidine, selon les procédures alors en cours qui voudraient que ça soit ce ministère qui ait l'autorité suprême dans la validation ou pas du scénario. C'est le Centre d'études historiques sur la guerre de libération qui regroupe des chercheurs et des universitaires spécialisés qui examine minutieusement le scénario avant de donner son quitus ou de le refuser. Justement, après examen de ce Centre, Ahmed Rachedi reçoit deux recommandations un peu farfelues. L'une concerne le titre "Darguaz", ("C'est un homme", en tamazight) tandis que la deuxième concerne l'espace, jugé "trop important", donné dans le scénario à Abbane Ramdane, autre figure marquante de la guerre de libération et concepteur du Congrès de la Soummam. "Il n'y a rien dans le contenu du film qui puisse conduire à son rejet", s'est défendu Ahmed Rachedi qui avait déjà exprimé son refus d'introduire le changement exigé, s'attachant à l'intégrité du scénario initial. S'agissant des sources qui ont servi de base pour l'élaboration du film, le cinéaste a encore répété qu'il s'était appuyé sur des témoignages authentiques, celui, par exemple, du commandant Zerrari (de son nom de guerre Azzedine), ami proche du défunt, ainsi que sur d'autres sources, rares, écrites sur le sujet.
Selon la loi, la validation du scénario peut encore tarder Co-écrit par le commandant Azzedine et le scénariste Boukhalfa Amazit, la validation de ce film qui retrace le parcours de Krim Belkacem, risque au vu de la nouvelle loi sur le cinéma de tarder encore. D'abord, les détails de cette loi ne seront peaufinés que dans six mois et le scénario doit à partir de cette date, atterrir dans les bureaux du Conseil des ministres pour un nouvel examen. D'une durée de deux heures, ce film sur le parcours de l'une des figures de proue de la guerre de libération, assassinée en 1972 à Berlin, semble buter non pas sur une censure masquée mais sur une procédure bureaucratique que Rachedi lui-même a estimé nécessaire. De son côté le directeur du centre des recherches historiques sur la guerre de libération, affilié au ministère des Moudjahidine, Djamel Yahiaoui a affirmé que la commission de lecture du Centre "a validé le contenu historique du long-métrage". "Nous avons remis notre rapport sur le texte du contenu du film, qui était favorable, il y a 2 ou 3 mois au ministère des Moudjahidine", a-t-il assuré ajoutant que "le Centre n'a d'autres prérogatives que la vérification du contenu historique des productions de ce genre" et que le dernier mot quant à la validation ou le rejet revient au ministère des Moudjahidine. " C'est connu, Ahmed Rachedi a toujours excellé dans la production de films révolutionnaires à commencer par son "Opium et le bâton " un long métrage adapté du livre éponyme de Mouloud Mammeri et plus récemment, " Benboulaid " dont le récit reste selon certains très discutable.