L'économiste Bachir Msitfa a préconisé, jeudi à Alger, une exonération fiscale sur l'ensemble des produits de large consommation en vue de renforcer le pouvoir d'achat du citoyen. Dans une conférence animée à l'Ecole supérieure de commerce (ESC) sur le thème "Le phénomène de l'augmentation des prix et le pouvoir d'achat en Algérie", M. Msitfa a estimé qu'une telle démarche aiderait les ménages à diminuer les dépenses pour l'achat de produits alimentaires de base, qui représente 70% de leurs revenus. Il a, par ailleurs, estimé que la libéralisation de la politique monétaire, reposant sur la revalorisation du dinar algérien, aurait également un impact positif sur la baisse des coûts des produits de consommation, importés en majorité de l'étranger. L'expert a, dans ce contexte, affirmé que l'aisance financière dont jouit l'Algérie actuellement, outre son important potentiel en ressources humaines qualifiées (8 millions d'élèves et 2 millions d'universitaires) constituaient autant de facteurs intervenant en faveur d'une stratégie économique judicieuse et efficiente pour l'impulsion du développement et l'amélioration des conditions de vie du citoyen. M. Msitfa suggère, dans le cadre de la même stratégie, "l'encouragement des investissements locaux par le biais de crédits bonifiés, la facilitation de l'accès au foncier industriel et l'accompagnement des entreprises en matière de mise à niveau afin de hisser la production nationale et réduire les importations". Notons que le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, a réaffirmé, jeudi, la nécessité de préserver le pouvoir d'achat des citoyens en préconisant la consolidation des dispositifs de régulation du marché face aux fluctuations des prix. A cet effet, le président Bouteflika a appelé le gouvernement "d'élargir, notamment, aux légumes secs, le champ d'application du dispositif de stabilisation des prix des produits de base. Ce dernier, déjà effectif pour le blé et le lait, vient d'être élargi au sucre et à l'huile alimentaire". Il a aussi ordonné de "fixer, en concertation avec les opérateurs et associations concernés, les marges de prix plafonds applicables pour ces produits et leurs dérivés, à la production ou à l'importation, ainsi qu'au niveau de la distribution et de vente au détail, et d'impliquer les pouvoirs publics dans l'approvisionnement et la régulation du marché local en produits alimentaires de base". Le chef de l'Etat a également ordonné au gouvernement "d'intensifier l'encouragement du développement de la production agricole et agroalimentaire locales, ainsi que la régulation du marché des produits maraîchers et des viandes, et de renforcer l'administration du contrôle commercial pour un meilleur encadrement du marché". Le gouvernement doit, en outre, "approfondir les préparatifs relatifs à diverses mesures arrêtées en vue d'améliorer la régulation et la transparence dans les activités économiques et commerciales, de sorte à éviter toute tentative d'instrumentalisation de ces mesures contre l'intérêt général", a souligné le Chef de l'Etat. Il a également chargé le gouvernement "d'alléger les formalités et procédures destinées au transfert du petit commerce informel sur la voie publique vers des sites aménagés en concertation avec les associations et représentants des concernés. Le gouvernement doit en outre, a-t-il préconisé, ''approfondir la concertation, l'explication et la communication sur les avantages pour l'économie qui découlèrent du recours au paiement par chèque pour les montants égaux ou supérieurs à 500 000 DA, et la généralisation de la facturation à toutes les transactions commerciales". Par conséquent, l'application des dispositifs afférents à ces deux mesures sera donc différée jusqu'à la réunion des conditions requises". Les nouvelles instructions du chef de l'Etat viennent compléter et consolider la politique des pouvoirs publics en matière de préservation du pouvoir d'achat des citoyens, notamment les couches les plus vulnérables. Plusieurs mesures ont été prises dans ce sens, notamment celles annoncées début janvier par un Conseil interministériel pour juguler la hausse des prix du sucre et de l'huile. Elles portaient sur une suspension et une exonération des droits de douanes, de taxes et d'impôts représentant un total de charge de 41% qui vient en déduction des prix de revient, du 1er janvier au 31 août 2011. Ces mesures comprennent en premier lieu une suspension des droits de douanes, qui sont de l'ordre de 5%, à l'importation du sucre roux et des matières de base entrant dans la fabrication des huiles alimentaires. Il s'agit également d'une suspension pour ces mêmes produits de la TVA (17%), ainsi qu'une exonération de l'impôt sur le bénéfice des sociétés (IBS). Cet impôt est de 19% pour les l'activités de production, et de 25% pour les activités de distribution. Le gouvernement avait aussi instauré, à partir de janvier et jusqu'à fin août 2011, une exonération temporaire exceptionnelle des droits de douanes et de la TVA exigibles à l'importation de sucre blanc.