Les prix du pétrole montaient hier à l'ouverture à New York, mais se repliaient un peu à Londres, alors que les révoltes dans plusieurs pays arabes étaient durement réprimées par les régimes en place. Vers 14H10 GMT, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" pour livraison en mars s'échangeait à 87,26 dollars, en hausse de 90 cents par rapport à la veille. "Les courtiers ne veulent pas être orientés à la baisse avant le week-end vu les tensions qui persistent au Moyen-Orient", a estimé Andy Lipow, de Lipow Oil Associates. D'un point de vue technique, les cours faisaient aussi l'objet d'une "correction" entre le baril échangé à New York et celui de Brent à Londres, selon M. Lipow. Les tensions au Moyen-Orient, auxquelles est plus exposé le marché européen, ont en effet dopé les cours du Brent depuis plusieurs semaines. Pendant ce temps, les cours à New York sont tirés vers le bas par l'abondance des stocks de brut aux Etats-Unis. L'écart entre les deux barils avait atteint un niveau record cette semaine, autour de 20 dollars, et de nombreux opérateurs de marché réajustent désormais leurs positions. Le baril de Brent pour livraison en avril se repliait ainsi de 51 cents à 102,08 dollars. Le marché pétrolier a peu réagi à une nouvelle hausse de taux des réserves obligatoires des banques en Chine, destinée à éviter une surchauffe de l'économie. "Il faudra un certain nombre de décisions de ce type pour vraiment ralentir l'économie, et pour l'instant, on a toujours des importations (de pétrole) à un niveau record, comme la demande et les cadences des raffineries en Chine", a estimé M. Lipow. Comme sur nombre de marchés financiers, la tendance demeurait calme du côté du pétrole. La parité de changes euro/dollar sera restée stable pratiquement toute la semaine, aux environs immédiats de 1,35 dollar, et l'influence plus guère le prix du brut. Certes, la propagation des troubles politiques au-delà de la Tunisie et de l'Egypte a de quoi inquiéter. Jordanie, Bahrein, Yémen, Libye : les grands pays producteurs et raffineurs d'hydrocarbures du Moyen Orient semblent, eux aussi, de plus en plus directement menacés d'instabilité. Cependant, le canal de Suez continue de fonctionner normalement, rappelle l'autorité égyptienne qui en a la charge, et les 104 dollars atteints par le Brent ces derniers jours demeurent hors de portée aujourd'hui. L'écart entre le Brent et le WTI est d'ailleurs revenu à 14 dollars alors qu'il dépassait les 16 dollars hier. D'une manière générale, les facteurs géopolitiques n'expliquent pas tout. Les craintes souveraines sont de retour en Europe et se concentrent maintenant, d'après les bureaux d'études, sur le Portugal. La rafale d'indicateurs économiques américains publiés cette semaine a laissé un sentiment mitigé aux opérateurs quant à la conjoncture US, et la Chine en a encore durci sa politique monétaire. Or ces trois facteurs plaident pour un moindre dynamisme économique, qui est le facteur-clé pour la demande d'or noir.