Les pouvoirs publics ont initié, depuis plusieurs années, divers mécanismes de soutien à l'emploi de jeunes. Du contrat de pré-emploi au dispositif d'aide à l'insertion professionnelle (DAIP), en passant par les dispositifs d'aide aux jeunes promoteurs et le contrat d'emploi aidé, le constat est sans équivoque : tous ce qui a été fait jusqu'à aujourd'hui n'a pas permis d'endiguer de manière durable le chômage des jeunes. C'est du moins le constat des patrons, qui estiment que la question de l'emploi a toujours été une des préoccupations des politiques économiques publiques, mais ''sans pour autant influer vigoureusement sur le phénomène du chômage''. Ainsi, le président de la CGEA, M. Habib Yousfi, a indiqué, hier, dans une déclaration à l'APS, que pour promouvoir l'emploi, particulièrement des jeunes, il faut mettre en place un plan reposant essentiellement sur une démarche économique à travers la promotion des secteurs comme le BTPH, l'industrie, l'agriculture et l'agroalimentaire. Ces secteurs "pourront offrir d'énormes potentialités pour résorber une quantité importante de chômeurs et faire face à la demande croissante d'emplois", a-t-il ajouté, conditionnant toutefois la réussite de la création d'emploi dans ces secteurs par "l'assainissement" de l'environnement des entreprises pour les aider à "mieux se placer sur le marché et à faire face à la concurrence", et par l'amélioration ainsi que l'élargissement des mesures incitatives déjà existantes afin "d'encourager les promoteurs et les investisseurs à recruter davantage". De son côté, le président de la Confédération des industriels et producteurs algériens (Cipa), M. M'henni Abdelaziz, a lancé un appel pour un dialogue entre l'Etat, les investisseurs et les banques sur les mécanismes à mettre en place pour moderniser l'outil de production ainsi que la réhabilitation du travail productif, de manière à créer une économie compétitive et répondre aux besoins du marché de l'emploi. Le président de la Cipa a affirmé, dans ce contexte, que les réformes économiques menées par l'Etat ont déjà permis de libérer les initiatives individuelles et d'ouvrir le champ devant l'investissement productif générateur d'emplois et de richesses regrettant, toutefois, que les banques n'aient pas pu accompagner cette dynamique. Il a exhorté les responsables à faciliter l'accès des investisseurs aux crédits bancaires, faisant remarquer que l'accélération du rythme des financements bancaires en direction des projets signifie création de richesses et de nouveaux postes d'emploi. Le président de la Confédération nationale du patronat algérien (CNPA), M. Mohamed Saïd Naït Abdelaziz, a plaidé pour la conjugaison des efforts de tous les intervenants, l'Etat, le secteur public et le secteur privé, ce dernier souvent accusé de ne pas accompagner les pouvoirs publics dans leur effort pour la création d'emplois. Mais, le président de la CNPA se défend et souligne que "si les sociétés privées ne recrutent pas massivement, c'est par ce qu'elles font face à l'épineux problème de manque de qualification". Par ailleurs, des experts ont plaidé pour la relance de l'économie productive, synonyme de création de richesses et d'emplois et de lutte contre le chômage qui demeure le fléau numéro un de toute économie contemporaine. Pour lutter efficacement contre le chômage et promouvoir l'emploi, l'économiste Abdelhak Lamiri préconise l'élaboration de politiques et plans de développement communaux et régionaux et la mise en place d'incubateurs régionaux. Dans une déclaration à l'APS, il suggère également d'accompagner les grandes entreprises publiques et privées qui réussissent dans leur expansion, estimant que "les 100 plus grandes entreprises algériennes ont de grands projets à travers lesquels elles peuvent créer des millions d'emplois". La révision des systèmes d'incitation à l'investissement, comparativement aux pays qui offrent les meilleurs avantages, constitue, selon M. Lamiri, une des solutions au problème du chômage. Cet expert a plaidé, en outre, pour la transformation des banques publiques en banques d'affaires, pour l'adaptation du système de formation aux réalités du marché en privilégiant la qualité et pour l'investissement dans les technologies du futur dans la mesure où les industries de l'avenir créent plus d'emplois et de prospérité. Pour l'expert en économie, Mustapha Mekidèche, l'Algérie a besoin d'adopter une politique économique visant à créer une croissance qui réduit le chômage existant et qui crée d'importantes opportunités d'emploi. Il a plaidé, à ce titre, pour une politique de soutien à la création d'entreprise plus "efficace" et plus "incitative" et pour des mesures plus "encourageantes" au recrutement des universitaires en faveur des grandes entreprises, et ce, a-t-il dit, en rendant l'emploi moins cher à travers la diminution des charges qui pèsent sur elles. L'économiste Salah Mouhoubi abonde dans le même sens et reconnaît que les mécanismes élaborés par l'Etat en faveur des jeunes pour lutter contre le chômage n'ont pas répondu aux attentes des pouvoirs publics en matière de création de nouvelles opportunités d'emploi. "Nous continuons à créer des emplois, mais précaires, notamment dans le secteur du bâtiment et des infrastructures", a-t-il soutenu.