Il est probable que la zone euro soutiendra largement l'idée allemande d'inscrire dans la loi de chaque pays des limites aux déficits publics, a déclaré Olli Rehn, commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires. Les dirigeants de la zone euro discuteront de cette idée en sommet le 11 mars. Paris et Berlin souhaitent que l'ensemble des pays de la zone euro adoptent un pacte de compétitivité avant tout renforcement du système de prêt d'urgence de la zone euro. "Je pense qu'il y aura un soutien relativement large à l'idée d'avoir des règles budgétaires nationales, qu'elles soient constitutionnelles ou d'une autre nature légalement contraignante", a déclaré Olli Rehn lors d'une interview à Reuters. La France s'est dite prête à adopter une telle loi, mais d'autres pays, comme la Grèce, ne le souhaitent pas. Un document préparé en vue de la réunion du 11 mars indique que chaque pays pourra choisir son mode opératoire en la matière. D'autres éléments du pacte de compétitivité incluent le relèvement de l'âge de départ à la retraite et la limitation des coûts du travail. Olli Rehn a souligné que ces deux dispositions devraient être adaptées individuellement à chaque pays. "Nous devons prendre garde à ce que des réformes structurelles soient entreprises, particulièrement en ce qui concerne le marché du travail et le système des retraites. Elles dépendent des défis respectifs auxquels les pays sont confrontés et ne pourront donc pas être uniformisées." Le commissaire finlandais a également estimé qu'il existait une volonté politique chez les dirigeants de la zone euro d'aboutir à une réponse commune à la crise de la dette souveraine qui plombe la région depuis 2010, "Je suis certain qu'il y a, et il faudra qu'il y ait, la volonté politique nécessaire pour un accord sur une stratégie globale", a-t-il dit. Il a également déclaré que le Fonds européen de stabilité financière (FESF) serait renforcé, ajoutant que la question de l'allongement de la maturité des prêts à la Grèce serait abordée en mars. Un document préparatoire rédigé par des conseillers du président de la Commission européenne José Manuel Barroso et du président du Conseil européen Herman Van Rompuy illustre cette volonté de compromis sur les deux points les plus controversés. Les pays de la zone euro ne seraient ainsi tenus à aucun objectif chiffré pour le relèvement de l'âge de la retraite dans le cadre de ce pacte exigé par l'Allemagne pour prix de son soutien aux Etats membres de la zone euro en difficulté. De même, la volonté d'abolir toute règle d'indexation automatique des salaires sur l'inflation, sujet très sensible dans plusieurs pays, comme la Belgique, laisserait place à un mécanisme d'évaluation des progrès en terme de compétitivité. Début février, Berlin et Paris ont proposé à leurs partenaires un "pacte de compétitivité" impliquant notamment l'instauration d'une règle liant l'âge de la retraite à l'évolution de la démographie en Europe ou la création d'un taux minimum d'impôt sur les sociétés. Mais de nombreux pays membres ont ouvertement reproché au couple franco-allemand la méthode consistant à "préempter" les débats en conditionnant le renforcement de la capacité et de la portée du Fonds européen de stabilité financière (FESF) à l'adoption de ce pacte. Le document de quatre pages, intitulé "Coordination renforcée des politiques économiques dans la zone euro, principaux éléments et concepts", rédigé après consultation des Etats membres, prévoit le relèvement de l'âge de la retraite dans chaque pays pour alléger le poids des dépenses publiques sur fond de vieillissement de la population. L'Allemagne a fixé à 67 ans l'âge du départ à la retraite et la France à 67 ans celui de la retraite sans décote, mais le texte ne fixe aucun objectif chiffré, se contentant de souligner que les pensions et les dépenses sociales doivent être viables. Cette viabilité serait mesurée sur la base d'un indicateur mesurant si les niveaux de dette publique sont tenables en fonction des politiques appliquées à un moment donné. Face à l'accroissement des dépenses, il faut aligner l'âge de la retraite sur l'espérance de vie, réduire les programmes de retraite anticipée et utiliser des subventions ciblées pour renforcer l'emploi des seniors et la formation continue à tout âge, peut-on lire dans le document. L'Autriche s'est montrée hostile à toute ingérence de la zone euro dans les systèmes nationaux de retraites. Un autre point litigieux est la suppression de l'indexation des salaires sur l'inflation, une proposition sur laquelle l'Espagne, la Belgique, l'Autriche et le Luxembourg ont tous émis des réserves. Selon le texte écrit par les services de la Commission et du Conseil, l'évolution des salaires et de la productivité serait la base d'évaluation de l'amélioration de la compétitivité. Le coût unitaire du travail serait mesuré et comparé à celui des autres économies de la zone ainsi qu'à ceux de ses principaux partenaires commerciaux.