La militante et poétesse Anna Greki a été longuement évoquée lors d'un récital de poésie, organisé à la galerie d'art Benyaa à Alger. Hommage à la poétesse et militante de à la cause nationale, Anna Greki dont toute l'œuvre est un hymne à l'amour et à la vie. Pendant plus d'une heure, l'écrivain Abderrahmane Djelfaoui et la poétesse Nadia Sebkhi ont présenté une lecture croisée de certains vers extraits du recueil poétique "Algérie, capitale Alger", sorti en 1963 et préfacé par Mustapha Lacheraf. Sur fond de luth, tantôt mélancolique tantôt allègre, assuré par Mohamed Sergoua, les voix des deux auteurs se sont relayées en clamant des vers qui ont transporté le public présent dans un passé colonial tragique marqué par des exactions et des abominations contre la population autochtone. De son vrai nom Anna Colette Grégoire, Anna Greki est née à Batna, dans l'Est algérien, le 14 mars 1931. Il y avait beaucoup d'émotion dans les poèmes déclamés, tant les poésies d'Anna Greki évoquent l'amour de l'Algérie et le calvaire des militantes algériennes incarcérées à Barberousse dans les années 1950 et dont Anna Greki faisait partie. Avant d'entamer le récital, l'écrivain Abderrahmane Djelfaoui a tenu à rappeler qu'Anna Greki, disparue prématurément, était un "symbole de la jeunesse engagée en faveur des causes justes", regrettant que l'oeuvre de la poétesse soit "occultée" aujourd'hui chez les plus jeunes. "Pour comprendre son militantisme et son engagement, il faut comprendre son enfance. Anna portait un regard objectif sur ce qui se passait dans l'Algérie coloniale, ce qui a nourri sa sensibilité (de poète", a dit l'orateur. "Le ton de sa poésie est vibrant et résonne (aujourd'hui encore) énormément", a-t-il ajouté. Abderrahmane Djelfaoui a aussi rappelé qu'Anna Greki s'est mise à l'écriture à une "période de floraison de la littérature algérienne", citant en exemple les premiers romans de Mohamed Dib, de Kateb Yacine, de Malek Haddad et de Mouloud Mammeri. Pour conclure, il dira de la militante-poétesse qu'elle était une "personne entière, tendre, émerveillée" et "un être à l'esprit libre". Elle passe son enfance à Menaâ, commune d'Arris dans les Aurès, où son père était instituteur. Elle effectue ses études primaires à Collo puis au lycée à Skikda, mais interrompt ses études supérieures de lettres à Paris pour pouvoir prendre part activement au combat pour l'indépendance de l'Algérie. Membre des Combattants de la libération-CDL elle est arrêtée en 1957 et torturée avant d'être internée à la prison Barberousse d'Alger. Greki est ensuite transférée en novembre 1958, au Camp de transit et de triage de Béni Messous (Alger) puis expulsée d'Algérie. Elle rentre en Algérie à l'Indépendance, en 1962.