Entre la France et l'Algérie c'est une longue histoire faite de larmes, de joies et de tristesse. C'est surtout un lien séculaire presque ombilical, mais c'est aussi une histoire controversée. A écouter les simagrées de Marine Lepen qui fustige tout ce qui arabe et maghrébin qu'elle accable dans ses discours sulfureux et racistes d'être à l'origine de tous les maux dont souffre la France, l'on croit découvrir le visage hideux de cette France xénophobe et haineuse. Mais, vite fait, les vœux des Français à vouloir raviver les liens tissés entre les deux pays, l'on s'aperçoit que ce pays ne contient pas que de la haine ni ne continue à refléter un passé douloureux qu'on rumine. M. Jean-Pierre Chevènement, qui compte visiter l'Algérie au mois de mai prochain en tant que président de l'association France-Algérie (AFA) fait partie de ceux qui vouent à notre pays respect et considération. Fervent défenseur d'un retour à de bonnes relations avec l'Algérie, il annonce la tenue d'un colloque à Paris sur le thème "L'Algérie et la France au XXIe siècle ", d'ici à la fin de l'année en cours, à l'initiative de l'association qu'il préside. L'ancien ministre français souhaite "prendre tous les contacts utiles en privilégiant la dimension économique". En accordant un "intérêt précis" aux PME, M. Chevènement lance un appel à travers lequel il déclare : "Efforçons-nous d'encourager, dans notre soutien, tout ce qui est bénéfique aux deux pays et aux populations de deux rives de la Méditerranée. La relation spontanée entre Français et Algériens donne à nos liens économiques leur force, leur facilité, par la proximité des décideurs". Le sénateur du territoire de Belfort et ancien candidat à la présidentielle de 2002, estime "regrettable que les Etats renâclent à cette tendance évidente" et suggère de "laisser les gens s'entendre". L'ancien ministre de l'Intérieur sous le gouvernement Jospin, Jean pierre Chevènement, qui a été récemment nommé à la présidence de l'Association France-Algérie, milite pour un rapprochement "fécond" entre les deux pays. Il déclare, pour cela, qu'"il suffit d'écouter des deux côtés les demandes, les projets, les aspirations et d'y répondre avec la volonté de privilégier tout ce qui est porteur d'avenir". Créée en 1963 avec pour objectif de concourir au développement des relations amicales et de la coopération entre Français et Algériens, l'AFA était présidée par Edmond Michelet. Mais, bien que les intentions de la France soient bonnes, celles-ci ne semblent guère suffire à elles seules pour venir à bout de quelque clivage empêchant les relations d'aller bon train. Il est surtout question d'affaires et d'économie. L'Hexagone, qui semble disposé à répondre à la demande algérienne et à ses besoins tant industriels que technologiques, continue à émettre des réserves et aller de l'avant à coup de "motivations". Le "renâclement" des officiels s'oppose à lui seul à toute velléité d'évolution à contrario des aspirations populaires. Algériens et Français ont appris à se découvrir et à se connaître au fil des ans en adoptant d'un côté comme d'un autre de la Méditerranée les us et coutumes respectifs, à commencer par cette manie chez les uns de consommer du "Renault, du Peugeot et du Citroën" en échange du gaz, du pétrole et même du couscous ou du halal, nouvelle tendance en France.