Le baril de pétrole a atteint, hier, son plus haut niveau depuis septembre 2008, à New York, alors que les observateurs craignent une baisse prolongée des exportations de brut libyen. Le baril de pétrole pour livraison en avril gagnait lundi 2,25 dollars à 106,67 dollars dans les échanges électroniques du New York Mercantile Exchange (NYMEX). Il avait déjà progressé vendredi de 2,51 dollars pour s'établir à 104,42 dollars. A Londres, le baril de Brent pour livraison en avril était en hausse de 1,80 dollar à 117,77 dollars. Il faut savoir dans ce contexte que la banque d'investissement Morgan Stanley (MS.N: Cotation) a cessé ses transactions sur le pétrole brut et les produits dérivés en provenance de Libye pour se conformer aux sanctions prises par les Etats-Unis contre le gouvernement du colonel Mouammar Kadhafi, a-t-on appris de source proche de cet établissement de Wall Street. La totalité des contrats ont été annulés la semaine passée sur recommandation du Bureau américain de contrôles des actifs (Ofac, chargé de contrôler l'application des sanctions). Néanmoins, si les problèmes en Libye suscitent l'inquiétude des traders, et poussent même les autorités américaines à envisager un recours aux stocks stratégiques de pétrole, les majors plaident pour l'apaisement des marchés. Ainsi, le patron de l'exploration du groupe pétrolier espagnol Repsol a estimé hier qu'"il ne devrait pas y avoir de problème de pénurie de pétrole" à cause de la situation en Libye, car la production du pays pourrait être remplacée par les réserves stockées en Arabie Saoudite. "Le monde consomme 86 millions de barils par jour et la Libye mettait sur le marché environ deux millions de barils", a expliqué Nemesio Fernandez-Cuesta, directeur général de l'activité "upstream" du groupe, dans un entretien au journal économique Cinco Dias. "Mais la capacité restante (celle qui n'est pas utilisée) est autour de quatre millions de barils, essentiellement en Arabie Saoudite. Donc, en supposant que la production libyenne n'aille plus sur le marché, ce qui n'est pas le cas actuellement, on pourrait remplacer cette production", a-t-il dit. "Physiquement, il ne devrait pas y avoir de problèmes de pénurie, qui est ce qui entraînerait une hausse des prix", a-t-il estimé, même si d'autres facteurs pourraient stimuler cette hausse: si "les conflits s'étendent à tout le nord de l'Afrique et affectent la péninsule arabique" ou si "la Banque centrale européenne augmente les taux d'intérêt", par exemple. Le groupe Repsol, qui a dû réduire fin février sa production dans ce pays à la moitié et évacuer tout son personnel, "maintient" encore actuellement une activité en Libye, a assuré M. Fernandez-Cuesta, qui n'en a pas précisé la mesure car "les nouvelles sont un peu confuses". Avant la crise, le groupe espagnol y produisait 340.000 barils bruts par jour, soit une production nette (après avoir versé une partie des barils à la Libye au titre des impôts) de 40.000 barils, a-t-il indiqué, "14% de notre production mondiale, qui est de 345.000 barils par jour". Repsol avait chiffré auparavant cette production à 3,8% du total. "Evidemment, si nous ne pouvons compter sur la production libyenne, les comptes (de Repsol) seront affectés, mais tout dépend de combien de temps va durer le conflit", a dit M. Fernandez-Cuesta, précisant que le groupe travaille sur trois scénarios: un retour de son personnel dans ce pays d'ici 15 jours, d'ici 30 jours ou d'ici plus d'un mois. Repsol avait prévu d'exploiter trois nouveaux puits en Libye cette année.