Quelque 925 millions de personnes dans le monde ont souffert de la faim en 2010, a annoncé lundi l'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), qui estime que les femmes pourraient jouer un rôle clé dans la lutte contre ce fléau. Sur les 925 millions de personnes souffrant de la faim l'an dernier, 906 vivaient dans des pays en développement, précise l'organisation onusienne. Selon la FAO, de 2007 à 2009, la flambée des prix des aliments, qui a été suivie d'une crise financière, puis d'une récession économique mondiale, a déterminé une augmentation du nombre de personnes souffrant de faim et de sous-alimentation dans le monde, qui a atteint un niveau sans précédent, pour culminer à plus d'un milliard en 2009.23 Au cours du premier semestre de 2010, les marchés mondiaux des produits agricoles de base semblent entrer dans une phase plus sereine. Si les prix des produits alimentaires et agricoles de base restent élevés, ils sont néanmoins en baisse par rapport aux pics de 2008 et l'économie mondiale est en train de sortir de la récession. La volatilité élevée des marchés suscite toutefois des inquiétudes croissantes, qui ont encore été exacerbées par la hausse des prix des céréales - blé et maïs notamment - de juin à octobre 2010, à la suite de la sécheresse qui a sévi dans la Fédération de Russie et des températures élevées et des précipitations excessives aux Etats-Unis, qui ont réduit les disponibilités. Lors de la flambée des prix des aliments, nombre de gouvernements ont pris des mesures, non coordonnées avec leurs partenaires, pour assurer des approvisionnements adéquats sur les marchés intérieurs, notamment en interdisant ou en limitant les exportations. Or, beaucoup de ces mesures ont, en fait, accentué la volatilité des prix sur les marchés internationaux. La présente partie du rapport passe en revue les chiffres et les tendances de la faim dans le monde, en fonction de l'évolution récente des marchés des produits agricoles et de l'économie mondiale. Elle analyse, à l'échelle mondiale, les tendances récentes. 23 La présente analyse de la situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture repose sur les informations disponibles à la fin d'octobre 2010. Si le nombre de personnes sous alimentées a augmenté en 2008, c'est à cause de la forte hausse des prix des aliments, survenue entre 2007 et 2008. Du point de vue historique, de telles variations de prix ne sont pas sans précédent, les marchés ayant connu des hausses comparables pendant la " crise alimentaire mondiale " de 1973-75. L'Indice FAO des prix des aliments a, malgré tout, baissé, en valeur réelle (application du déflateur de PIB des Etats-Unis) sur la période allant de 1961 à 2010. Il convient toutefois de préciser qu'à partir du début du nouveau siècle, la tendance à la baisse semble s'être inversée, ou en tout cas s'être interrompue, sous l'effet de la forte hausse des prix des aliments, en valeur réelle, qui a atteint son apogée en 2007-08. Même si les cours internationaux des denrées alimentaires ont baissé en 2009, ils restent néanmoins supérieurs aux niveaux des années précédentes et, selon les données disponibles jusqu'en octobre 2010, l'Indice FAO des prix des aliments aurait augmenté entre 2009 et 2010. En outre, les prix intérieurs sont restés élevés dans beaucoup de pays, où la baisse des cours internationaux n'a été répercutée que lentement sur les marchés intérieurs. Alors que les prix des aliments sont restés supérieurs à leurs niveaux d'avant crise, les revenus ont chuté, à cause de la crise financière, réduisant ainsi l'accès aux approvisionnements alimentaires et causant l'envol du nombre de personnes sous-alimentées dans le monde. L'organisation onusienne estime par ailleurs que les événements des dernières années ont montré à quel point la sécurité alimentaire mondiale était vulnérable aux grands chocs, qui affectaient les marchés mondiaux des produits alimentaires et l'économie mondiale en général. La flambée des prix des aliments et la crise économique qui a suivi ont réduit le pouvoir d'achat d'une part importante de la population de nombreux pays en développement, réduisant ainsi fortement leur accès à la nourriture et minant leur sécurité alimentaire.