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Kadhafi brave la coalition, accord sur un rôle de l'Otan
Libye
Publié dans Le Maghreb le 25 - 03 - 2011

Le dirigeant Mouammar Kadhafi défie la coalition internationale au 5e jour de son intervention en Libye où des affrontements sanglants opposent les forces gouvernementales aux rebelles, le rôle de l'Otan prenant forme dans le débat sur un commandement unifié. Lors de sa première apparition depuis le lancement de l'offensive le colonel Kadhafi a affirmé, devant ses partisans rassemblés dans sa résidence-caserne de Tripoli, que son pays était "prêt pour la bataille, qu'elle soit longue ou courte". Paris et Washington ont annoncé mardi soir, au terme de plusieurs jours de débats houleux au sein de l'alliance, être parvenus à un accord sur la question du rôle de l'Otan dans le commandement des opérations. La Maison Blanche a évoqué un "rôle clef", expression non reprise par la présidence française.
L'Otan n'exercera pas "le pilotage politique" de la coalition internationale en Libye, mais interviendra comme "outil de planification et de conduite opérationnelle" dans la mise en oeuvre d'une zone d'exclusion aérienne, a déclaré mercredi le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé. La coalition, entrée en action le 19 mars avec à sa tête les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne, deux jours après le feu vert donné par l'Onu, n'a jusqu'ici pas réussi à mettre un terme aux affrontements sanglants entre pro et anti-Kadhafi. Les forces loyalistes n'ont pas cessé leurs attaques, selon les rebelles et des témoins, en dépit de l'annonce par le colonel Kadhafi d'un nouveau cessez-le-feu dimanche soir. A Misrata, 17 personnes dont cinq enfants ont été tuées mardi par des tirs de snipers et d'obus des forces loyales au dirigeant libyen, selon un médecin de l'hôpital principal de cette ville située à 200 km à l'Est de Tripoli. "La journée d'hier a été catastrophique. Nous avons eu le sentiment que c'était la fin", a déclaré ce médecin sous couvert de l'anonymat. Lundi, 40 morts avaient été dénombrés dans cette ville, selon les rebelles.
A Yefren (130 km au sud-ouest de Tripoli), "les forces de Kadhafi ont entrepris une offensive meurtrière lundi et mardi dans la région et les combats ont fait au moins 9 morts", selon un habitant. Dans la même région d'Al-Jabal Al-Gharbi, pro et anti-Kadhafi continuent aussi à s'affronter et un témoin a affirmé avoir vu "pas mal de corps à la morgue de Zenten". Le président américain Barack Obama a indiqué mardi que les Etats-Unis ont réduit de façon "significative" le nombre de survols de la Libye par leurs avions, la mise en place d'une zone d'exclusion aérienne pouvant s'achever "sous peu". L'opération militaire en Libye continuait hier de préoccuper la communauté internationale qui s'inquiète des "conséquences immesurées" de cette intervention qui menace d'"un nouvel Irak" où la coalition internationale a essuyé "d'énormes pertes humaines et financières". Cette intervention, déclenchée depuis cinq jours par la coalition contre la Libye, "est une nouvelle guerre que les Etats-Unis ne peuvent pas financer", a noté le député américain du parti démocratique, Denis Kosinetch, cité mercredi dans un communiqué. "Nous avons déjà dépensé des milliards de dollars en Irak et en Afghanistan. (...) et maintenant le président (Barack Obama) plonge à nouveau les Etats-Unis dans une nouvelle guerre qu'on ne peut pas financer", a-t-il souligné. Le député américain, qui avait déjà présenté plusieurs projets de loi sur le retrait des forces américaines d'Afghanistan, a fait savoir qu'il allait proposer un amendement prévoyant de geler tout financement de conflit en Libye. Outre les Etats-Unis, la France et la Grande Bretagne dirigent les opérations de la coalition qui ont fait depuis leur début au moins 64 morts, dont des civils. A ce sujet, l'expert russe en questions stratégique, Lyonid Ivachov a estimé que l'intervention militaire de la coalition contre la Libye donnait un signe d'un "scénario irakien", ayant coûté aux Etats-Unis et leurs alliés 700 milliards de dollars durant les sept ans d'invasion qui a fait au total près de 5 000 morts. Cité par le journal russe "Trod", Ivachov a évoqué également un rapport publié par le Centre américain de planification stratégique évaluant "jusqu'à 9 milliards de dollars le coût de l'intervention des pays occidentaux contre la Libye". "Ce chiffre reste toujours provisoire", estime "Trod" qui avertit que "ces dépenses énormes peuvent être récupérées par l'exploitation du pétrole libyen" par les puissances occidentales. S'appuyant toujours sur le rapport américain, le journal a tenu par ailleurs à préciser que "le coût mensuel des opérations militaires en Libye est d'un milliard et cent millions de dollars", notant que "ces dépenses égalent aux revenus des exportations pétrolières libyennes en moins d'une semaine". La Russie appelle à un cessez-le-feu immédiat en Libye et à ouvrir un dialogue politique pour résoudre la crise libyenne. S'opposant avec fermeté aux frappes aériennes de la coalition en Libye, de nombreux pays, à l'instar de l'Inde, la Turquie, la Chine, ainsi que des organisations régionales ont eux aussi appelé mercredi à un "cessez-le-feu immédiat" et à ouvrir le dialogue afin de trouver une solution à la crise et préserver la stabilité de la Libye et de toute la région. De même pour l'Inde qui a exhorté la coalition internationale de cesser ses opérations militaires en Libye pour éviter la mort de civils dans les raids aériens, proposant toutefois d'entamer des négociations trouver une solution à la crise libyenne Krishna, appelant "au respect des aspirations du peuple libyen". Krishna a préconisé "un dialogue pacifique pour résoudre la crise en ce par le biais de la coopération avec les Nations unies et les organisations régionales". Dans un communiqué, le secrétaire général de l'Organisation de la Conférence islamique (OCI), Ekmaleddine Ihssanuglou, a appelé les différentes parties impliquées dans l'opération militaire occidentale en Libye "à faire preuve de plus grande retenue" et à éviter de viser des civils et les zones d'habitations.
Le chef de l'OCI a souligné la nécessité pour la communauté internationale de "respecter et de préserver l'unité, la souveraineté et l'indépendance de la Libye ainsi que la stabilité de la région.


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