L'intervention militaire en Libye continue de diviser les protagonistes, alors que la situation sur le terrain reste indécise. Le rôle de l'Otan fait toujours débat et reste au centre de tractations entre ses membres. Déjà aux commandes en Afghanistan, l'Organisation atlantique s'apprête à jouer un rôle direct pour coordonner l'action en Libye. Au risque de donner à l'intervention une coloration atlantiste qui servirait Kadhafi. Kadhafi, lors de sa première apparition depuis le lancement de l'offensive, a affirmé devant ses partisans rassemblés dans sa résidence-caserne de Tripoli qu'il était «prêt pour la bataille, qu'elle soit longue ou courte». Le rôle de l'Otan dans le commandement des opérations semble avoir du mal à se situer dans une crise aux facettes multiples. Dans un souci apparent d'atténuer une situation embarrassante, l'Otan annonce qu'elle n'exercera pas «le pilotage politique» de la coalition en Libye, mais interviendra seulement comme «outil de planification et de conduite opérationnelle». L'Otan voudrait se limiter à la mise en œuvre d'une zone d'exclusion aérienne. Elle a déjà accepté mardi dernier de se charger de surveiller l'embargo sur les armes contre la Libye, en assignant des navires et des avions à cette mission. Cependant, le malaise reste de mise parmi les puissances militaires de l'organisation atlantique. Aucun de ses membres ne veut endosser «la responsabilité de la phase terrestre de l'opération» dans ce pays, estime l'ambassadeur de Russie auprès de l'Otan. La coalition, entrée en action le 19 mars avec à sa tête les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne, deux jours après le quitus onusien, n'a jusqu'ici pas réussi à faire changer la physionomie du terrain. Les forces de Kadhafi n'ont pas cessé leurs attaques en dépit de l'annonce d'un nouveau cessez-le-feu. Dans la ville de Misrata, 17 personnes ont été tuées par des tirs de snipers et d'obus. Lundi dernier, 40 morts avaient été dénombrés dans cette ville, selon l'opposition. Pro et anti-Kadhafi continuent ainsi à s'affronter dans d'autres points chauds de la Libye. Mais l'étau devrait se refermer inexorablement autour du maître de Tripoli de plus en plus acculé. Un des fils du «Guide» libyen aurait été tué par une frappe aérienne et un bâtiment de sa résidence avait été détruit par un missile. Les membres de l'Union européenne sont parvenus à un accord de principe pour sanctionner le principal groupe pétrolier libyen, la compagnie nationale NOC, la Libye demeurant l'un des principaux producteurs de pétrole d'Afrique. Selon la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, des proches du colonel ont pris des contacts dans le monde entier pour trouver une porte de sortie. Alors que le secrétaire à la Défense américain Robert Gates est arrivé hier au Caire, les Etats-Unis annoncent avoir réduit de façon «significative» le nombre de survols de la Libye par leurs avions. La mise en place d'une zone d'exclusion aérienne pouvant s'achever «sous peu» préconisant la pression permanente. Mais les réticences de certains pays sont toujours fortes. Berlin, fermement opposé à l'intervention en Libye, a annoncé la suspension de la participation de ses navires aux opérations de l'Otan en Méditerranée. Le président turc Abdullah Gül, dont le pays est membre de l'Otan, a critiqué l'«opportunisme» de certains pays impliqués dans l'intervention, mettant en doute leurs prétendues visées, qui, en vérité, cacheraient d'autres ambitions. M. B.