Au moment où le leader libyen défiait de nouveau la coalition, mardi soir, à travers une apparition à la place Al-Aziziya, affirmant que son pays était “prêt pour la bataille, qu'elle soit longue ou courte”, la chef de la diplomatie américaine faisait état de contacts avec des proches de Kadhafi pour trouver une issue au conflit. Après une éclipse de quatre jours, Kadhafi est apparu mardi soir, s'adressant à une petite foule de partisans à la place Al-Aziziya, à Tripoli. Il a affirmé que son pays allait gagner la bataille, qu'elle soit longue ou courte, appelant les musulmans du monde entier à sa rescousse. “Nous allons gagner cette bataille”, a-t-il lancé, avant d'affirmer, dans une brève allocution, que “les masses étaient les plus fortes des défenses anti-aériennes”. Voilà un air déjà entendu en Irak, lorsque Saddam Hussein pétaradait alors que la coalition était aux portes de Bagdad. Parallèlement, le ballet de Rafales, Mirages, Tornado, Stormshadow et Tomawaks se poursuivait au-dessus du ciel libyen. Il donne l'impression de vouloir s'accrocher au pouvoir, comme le pense le président américain Barack Obama, qui a lancé un avertissement en ce sens, tout en soulignant que Washington avait d'autres cartes à jouer que l'option militaire. Le colonel Kadhafi “pourrait essayer de se terrer et d'attendre, même face à une zone d'exclusion aérienne”, a déclaré Barack Obama sur la chaîne américaine CNN. “Mais gardez à l'esprit que nous n'avons pas que des moyens militaires à notre disposition pour obtenir le départ de Kadhafi.” “Nous avons mis en place de fortes sanctions internationales. Nous avons gelé ses avoirs. Nous continuerons à utiliser un vaste éventail de moyens de pression contre lui”, a dit le président américain. Pendant ce temps, la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, indiquait que des proches du colonel Kadhafi auraient pris des contacts dans le monde entier pour trouver une porte de sortie au conflit. Washington ne cache pas qu'elle encourage cette attitude. “Nous avons entendu que des personnes proches (de Mouammar Kadhafi) contactent des gens qu'elles connaissent dans le monde entier — en Afrique, au Moyen-Orient, en Europe, en Amérique du Nord et ailleurs — en demandant : qu'est-ce qu'on fait ? Comment est-ce que l'on se sort de tout ça ?” a-t-elle déclaré. Elle soulignera toutefois : “Je ne suis pas au courant que Mouammar Kadhafi ait lui-même pris des contacts, mais je sais que des personnes censées agir en son nom l'ont fait.” Dans le même ordre d'idées, elle ajoutera : “Une partie de tout ceci n'est que du cinéma” et consiste à “envoyer un message à un groupe et un autre message à un autre”, afin de prendre le pouls. “C'est comme cela qu'il fonctionne”, dira-t-elle à propos de Kadhafi. Il n'en demeure pas moins qu'elle encourage cette attitude, bien qu'elle trouve que “c'est quelque peu imprévisible. Mais nous pensons que c'est une manière (pour le colonel Kadhafi) d'examiner toutes ses possibilités. Et de se dire : quelles sont mes options, où pourrais-je aller ? Que pourrais-je faire ?” Les forces loyalistes n'ont pas cessé leurs attaques, selon les rebelles et des témoins, en dépit de l'annonce par le colonel Kadhafi d'un nouveau cessez-le-feu dimanche soir. À Misrata, 17 personnes, dont 5 enfants, ont été tuées, mardi, par des tirs de snipers et d'obus des forces loyales au dirigeant libyen, selon un médecin de l'hôpital principal de cette ville située à 200 km à l'est de Tripoli. Par ailleurs, des raids de la coalition ont visé dans la soirée des positions de forces du colonel Mouammar Kadhafi aux abords et à l'intérieur de Misrata.