Que faire pour faire barrage à l'importation de pièces de rechange automobile contrefaite ? Toutes les dispositions règlementaires prises par les pouvoirs publics depuis 2008 n'arrivent pas à arrêter l'invasion de la pièce Taïwan. Jouant sur l'argument prix, ou même sur la crédulité des automobilistes, les recéleurs de pièces contrefaites intoxiquent le marché, un marché susceptible d'absorber pas moins de 500 millions de dollars de pièces de rechange importées. Pour faire face à ce fléau, lequel est considéré aujourd'hui comme un véritable problème de santé publique, la pièce Taïwan s'étant érigée comme cause importante des accidents de la route, le gouvernement s'est appuyé sur un plan en deux temps : sensibilisation et répression. Selon le Cnis, le montant des importations de pièces détachées destinées à l'automobile est estimé à environ 500 millions de dollars. La majorité des pièces de rechange contrefaites vendues en Algérie est importée. Ces pièces sont généralement d'origine chinoise ou, dans une bien moindre mesure, des pays de l'Europe de l'Est. Malgré les dispositifs mis en place par les pouvoirs publics pour contrôler les pièces importées, les produits contrefaits représentent encore près de 50% des pièces détachées vendues en Algérie. Ainsi, le certificat d'origine des marchandises, obligatoire depuis le 19 octobre 2009, n'est plus exigé à l'importation en Algérie depuis le 10 décembre 2009. Il est remplacé par une attestation d'origine délivrée par les détenteurs de marques à leurs distributeurs agréés. Par ailleurs, une loi contre la pièce détachée contrefaite a été adoptée au mois de novembre 2009. Une loi qui se voulait un garde-fou contre ce trafic qui a pris de l'ampleur. Aussi, un travail intersectoriel a été entamé, qui repose sur la conjugaison des efforts des douanes, de l'institut algérien de la normalisation (Ianor) ainsi que l'apport de l'Association nationale des concessionnaires automobiles. Malgré tous ces efforts, les produits contrefaits représentent encore près de 50% des pièces détachées vendues en Algérie. La seule mesure qui risque, aujourd'hui, de se présenter aux pouvoirs publics est la promotion d'une industrie locale de la pièce de rechange et la mise en place dans un second temps de barrières à l'entrée des marchandises importées. Une idée qui s'impose de plus en plus à l'orée de la création des premiers fondements d'une industrie automobile nationale. Les propos du président de l'Association des concessionnaires algériens d'automobiles (AC2A), Mohamed Bairi, sont édifiants. Pour lui, l'important consiste à développer le service clients et le service après-vente, sachant que le marché national de la pièce de rechange absorbe 500 millions de dollars. Il faut donc, dit-il, une évolution de la pièce de rechange en ce sens que l'automobiliste algérien consacre 230 dollars pour l'entretien de son véhicule. Or, une fermeture totale du marché ne semble pas avoir bonne presse. Pour la majorité des concessionnaires présents au Salon international de l'automobile d'Alger (Autoexpo-2011), l'éradication du commerce des pièces de rechange contrefaites nécessite la disponibilité des produits d'origine à des prix abordables et un renforcement du contrôle en amont et en aval. Ainsi, le directeur général de Nissan Algérie, Sofiane Hasnaoui, a recommandé la création de centres de formation sur l'expertise dans le domaine de la pièce de rechange pour automobile ainsi que le renforcement de l'échange d'informations entre concessionnaires et douaniers pour une lutte efficace contre ce fléau. De son côté, le représentant en Algérie de Renault Algérie, Stéphane Galoustian, a affirmé, que "la meilleure façon d'empêcher la commercialisation des pièces de rechange contrefaites est de bloquer leur introduction" en amant, estimant que "ça ne sert à rien d'aller démontrer qu'une pièce est contrefaite une fois qu'elle est sur le marché". Le même responsable a souligné la nécessité de "continuer à prendre des mesures pour que la pièce de rechange de contrefaçon ne pénètre sur le marché algérien". Notons que le dernier rapport du ministère du Commerce établi au premier semestre 2010 au niveau national, fait ressortir que sur un total de 4 390 infractions relatives à la contrefaçon par les agents de contrôle du ministère, les 275 infractions relevées et sanctionnées par 258 procès verbaux concernent la pièce de rechange. Les efforts consentis par les pouvoirs publics sont mis à rude épreuve. Durant 2009, l'Algérie a importé quelque 43 000 tonnes de pièces de rechange équivalent à 496 millions de dollars effectués par 1 513 importateurs. Au cours de la même année, les saisies de pièces de rechange " Taiwan " ont atteint un peu plus de 2 500 tonnes représentant le montant de plus de 10 millions de dollars, des importations.