Enfin ! Diront tous les intervenants dans le secteur de l'automobile, notamment les représentants des marques étrangères. Le ministère du Commerce vient en effet de donner une suite favorable à une éternelle revendication des professionnels de stopper le fléau des pièces détachées contrefaites importées en fortes devises. Un marché du «toc» qui a fait des ravages sur nos routes depuis des la libéralisation du commerce extérieur. Le ministre du Commerce, El Hachemi Djaâboub, a annoncé hier que l'Algérie va dresser un barrage à toute importation de pièces de rechange de véhicules qui ne soient pas fabriquées par les équipementiers agréés et leurs filiales. «Aucune pièce de rechange ne sera admise en Algérie à partir du 2 novembre prochain, a promis, hier, le ministre, au cours d'une rencontre avec ses cadres. Les pouvoirs publics entendent ainsi lutter contre la contrefaçon qui a gangrené le marché national dans ce secteur. El Hachemi Djaâboub a montré du doigt les pays asiatiques d'où sont importées de grandes quantités de pièces de véhicules contrefaites. Il s'agit donc, d'après lui, de stopper l'activité des «amateurs» des produits pas chers mais, ô combien, dangereux pour la sécurité des Algériens. «Cette interdiction vise à lutter contre l'importation des pièces détachées contrefaites, notamment des pays asiatiques» a clairement signifié le ministre. Et pour éviter tout polémique, Djaâboub a tenu à préciser que la mesure ne concerne pas les pièces de rechange fabriquées sous licence dans d'autres pays. En clair, si l'exportateur dispose d'une licence en bonne et due forme, accordée par une marque connue en Europe ou ailleurs, il pourra se faire livrer sans problème la marchandise. Mais, pour ce faire, le ministère est tenu de réclamer aux importateurs un certificat attestant que les «pièces en question ont été fabriquées sous une licence attribuée par la maison mère» a-t-il expliqué. C'est dire que, théoriquement, il n'est désormais plus possible pour les «professionnels» de la contrefaçon d'introduire des pièces détachées de véhicules non conformes aux normes de la maison mère. Et c'est toute la filière de la contrefaçon en Algérie, s'approvisionnant surtout de la Chine, qui sera démantelée. Les importateurs qui ont brassé des milliards depuis plusieurs années ne disposent désormais que d'un choix : s'adapter ou disparaître ! Et, au-delà de la volonté des pouvoirs publics d'introduire une traçabilité des produits importés, cette mesure devrait aider substantiellement à juguler le phénomène des accidents de la route qui font plus 4.000 morts par an en Algérie. Souvent, en effet, les accidents de la route sont imputés à des défectuosités de certaines pièces de véhicules. Les usagers sont naturellement attirés par les prix des pièces détachées venant d'Asie du fait que celles d'origine sont hors de prix. D'où la prospérité de ce secteur de la contrefaçon qui a fleuri à l'ombre de la passivité des autorités. Il va sans dire que les accidents de la route, liés à ces défauts des pièces détachées «Taïwan», coûtent des milliards au Trésor public. A noter que l'Algérie importe 80% des pièces de rechange de Chine, de France, d'Italie et de la Corée du Sud. En 2008, les importations de pièces automobiles ont atteint un volume de 44.256 tonnes pour une valeur de 291 millions de dollars. Durant la même année, 1.316 tonnes de pièces de rechange contrefaites d'une valeur de 5,7 millions de dollars ont été saisies pour «absence de la marque et défaut d'étiquetage». L'Algérie a importé plus de 350.000 véhicules en 2008 pour 3,5 milliards de dollars, selon les chiffres officiels. Cela étant, bien que cette mesure salutaire, au propre et au figuré, a mis du temps pour être prise, elle ne manquera pas, si elle est rigoureusement appliquée, de mettre de l'ordre dans un secteur ouvert aux quatre vents de l'Asie. Après l'interdiction des véhicules dits «ZH» puis de ceux moins de trois ans, l'interdiction de l'importation des pièces détachées contrefaites constitue ainsi le dernier maillon faible qui saute dans le processus de normalisation du secteur de l'automobile.